L'histoire
Agathe Villanova, féministe nouvellement engagée en politique, revient pour dix jours dans la maison de son enfance, dans le sud de la France, aider sa soeur Florence à ranger les affaires de leur mère, décédée il y a un an. Agathe n'aime pas cette région, elle en est partie dès qu'elle a pu. Mais les impératifs de la parité l'ont parachutée ici à l'occasion des prochaines échéances électorales. Dans cette maison vivent Florence, son mari, et ses enfants. Mais aussi Mimouna, femme de ménage que les Villanova ont ramenée avec eux d'Algérie, au moment de l'indépendance. Le fils de Mimouna, Karim, et son ami Michel Ronsard entreprennent de tourner un documentaire sur Agathe Villanova, dans le cadre d'une collection sur "les femmes qui ont réussi". On est au mois d'Août. Il fait gris, il pleut. C'est pas normal. Mais rien ne va se passer normalement.
Mon avis
Pour son troisième film en tant que metteur en scène, Agnès Jaoui, sans en avoir l'air, frappe un grand coup. D'une petite comédie légère (sur le papier) elle nous offre un moment d'une grande délicatesse, doux amer, d'abord mélancolique voir pessimiste mais au final plein de vie et d'espoir. Des femmes, des hommes, des couples (légitimes ou non), des familles au tournant de leurs histoires, qui nous font sourire, rire, pleurer, qui nous attendrissent et qui nous parlent. On retrouve un peu (ou beaucoup) de nous dans chacun d'eux, et donc forcément l'empathie arrive, et on ne peut que les aimer, chacun avec leurs qualités et surtout leurs défauts. C'est, comme tous les scénarios du tandem, finement et intelligemment écrit. Les dialogues sont comme toujours aussi, délectables. Ce qu'ils ont le mieux réussi, c'est faire naître une belle émotion, simple, douloureuse ou cruelle parfois, rafraîchissante aussi, que n'avaient pas autant Le goût des autres ou Comme une image (mais ils avaient bien d'autres qualités). La mise en scène de l'actrice est aussi discrète qu'efficace, s'attachant à tous sans en laisser aucun sur le bord de la route, premiers ou derniers rôles. Sa direction d'acteurs est donc parfaite, hormis le couple, qui joue du Bacri/Jaoui sans surprise, Jamel Debouzze est plutôt pas mal, sobre et même discret, mais convaincant. Mimouna Hadji, qui joue sa mère, actrice non professionnelle, est vraiment formidable. Pascale Arbillot, hilarante dans Notre univers impitoyable, est encore ici très bien, un des solides seconds rôles du cinéma français, qui mériterait bien quelques premiers...
Parlez-moi de la pluie devient, à ce jour, le film d'Agnès Jaoui que je préfère (en attendant la suite). Drôle, fin, émouvant, mélancolique. Une petite merveille. Je ne m'attendais pas aussi bien, après la bonne surprise de son premier film et la légère déception du deuxième. C'est donc un coup de coeur.
Les Scénarii Bacri/Jaoui
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 29 septembre à 13:52
Bonjour ! J'ai aussi beaucoup aimé ce film que je trouve intelligent, fin, attachant. Outre tout les compliments judicieux que vous en faites, je voudrais attirer votre attention sur les musiques : baroques, balkaniques, jazzy ( avec la formidable interprétation instrumentale d'une chanson de Brassens intitulée Les Passantes ) et... des musiques plus discrètes de Vincent CLÉMENT, qui mériterait d'être davantage connu et que vous pourrez entendre sur son myspace.com/VF STUDIO... Merci à vous pour cette belle critique ! Claudia