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Versailles (2008)

Par Eric Culnaert

Versailles sur la-fin-du-film.com

Nina (Judith Chemla) est chômeuse et ne connaît personne. Son seul amour est son fils Enzo, qui a 5 ans. Au hasard de ses déplacements, elle se retrouve dans le parc de Versailles, ce qui ne manquera pas de te surprendre, ô lecteur féru de tourisme et qui n’ignore pas qu’on n’y entre pas comme ça, vu que la visite est payante. Là, au milieu des bois, et dans une cabane qu’il a construite (autre sujet d’étonnement, sachant que Versailles est une ville de droite et que la sécurité n’est pas très encline à laisser des sans-abri polluer une résidence royale subventionnée par les Étatsuniens, et pourquoi pas l’Élysée tant qu’on y est ?), là, disais-je au début de cette phrase dont on ne voit pas venir la fin, à un jet de pierre du fameux château, vit Damien (Guillaume Depardieu), clochard et anarchiste. Qui a pourtant un père friqué, on l’apprendra plus tard.

Bref, Nina passe la nuit avec Damien. Et, au matin, cette excellente mère qui adore son enfant laisse son gosse à ce type qu’elle ne connaît pas et disparaît, comme n’importe quelle mère aimante le ferait pourvu que le scénariste ait fumé la moquette. Si bien qu’en se réveillant, Damien se retrouve avec Enzo sur les bras. Ravi, tu imagines. Que faire ? Rien, car la seule idée d’aller à la police lui file des boutons. Donc l’homme et l’enfant sont condamnés à vivre ensemble, et comme ce serait intenable autrement, ils s’attachent l’un à l’autre, vu qu’une pincée d’humanisme dans un film permet de se concilier les spectateurs qui auraient par hasard un peu trop de sens critique.

Attention, ils ne sont pas seuls. Par le plus grand des hasards, et je suis sûr que tu vas vouloir vérifier ce détail, le parc de Versailles est aussi peuplé que le parking de Carrefour (Auchan-Casino-Leclerc-Intermarché, raye les mentions inutiles) un samedi après-midi, et peuplé uniquement de clochards, à croire que la mairie a basculé à gauche et que les vigiles militent à Droit au Logement avec Jacques Gaillot et Albert Jacquard. Bref, tout ce petit monde fait la fête la nuit, allume de grands feux, fait de la musique, c’est tout juste si Jack Lang ne vient pas les honorer de sa présence et si Carole Bouquet ne se pointe pas pour les encourager, avec Guy Bedos et Josiane Balasko.

Mais, un matin, Damien, malade, ne peut plus bouger. Alors Enzo va chercher de l’aide… au château de Versailles, ce qui est tout à fait normal, et tout le monde trouve ça si bien que personne ne pose de questions. Après cela, Damien va mieux et décide d’aller voir son père, avec lequel il est brouillé, et de s’installer chez lui. Ce que le père accepte après s’être fait tirer l’oreille pour la forme. Mais Enzo est d’âge à fréquenter l’école, on va donc l’inscrire, et surtout l’encourager avec des arguments imparables, tel celui-ci, que Damien, qui sait parler aux gosses, a trouvé : « L’école, c’est très bien, il y a les copains, la République, tu verras ». Ce qui, à cinq ans, est fortement incitatif, si mes souvenirs de cet âge sont intacts. En compensation de cette tentative d’en faire un républicain pur sucre, Damien promet à Enzo de l’aimer toujours et de ne jamais l’abandonner. Et il décide de l’adopter légalement, ce qui est dérisoirement facile, s’agissant d’un gosse inconnu ramassé dans les bois, dont on ne connaît rien et qui n’a pas été abandonné légalement par sa mère. Cela fait, histoire de parachever la cohérence de cette histoire, c’est Damien qui disparaît définitivement, sans doute pour prouver à l’enfant que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, comme disait Charles Pasqua. Et, sept ans plus tard, voilà que la mère, Nina, revient, sans qu’on sache comment elle a retrouvé son fils, et prend le relais.

Ouf ! Voilà un gosse dont l’éducation aura été soignée, et qui va faire un adulte équilibré. Il deviendra sûrement scénariste, mais ne le dites pas sur allocine.fr, ils sont trop sensibles dans les commentaires.


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