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En sortant de chez la psy je repense aux scrupules. Ceux liés à l'idée de partir seul et de laisser P. à Paris et à son boulot dans ce moment délicat que nous traversons. La décision n'est pas facile à prendre mais je veux aller au bout de mon envie et ne pas céder à la peur de devoir l'assumer. Je suis crevé, j'ai besoin de me reposer. De me ressourcer.
Je me décide au dernier moment à une retraite de quelques jours à Tel Aviv.
Le super pont du 8 Mai et du Lundi de Pentecôte est une occasion d'aller faire un break au soleil. Étrange sensation que de partir seul et d'avoir devant soi des journées entières à ne rien à faire. Enfin pas tout à fait, j'essaie de me tenir à un programme minimum : petits joggings sur la plage, séances de lézardage intensif et promenades à pied dans la ville. Pas de TV, pas de films sur l'ordi et la connection wi-fi du voisin est régulièrement pourrie... alors, je lis, je dors, je fais des pompes, des abdos, je mange ma soupe déshydratée, mes tranches de poulet 2%... et puis je retourne au lit. Je rends visite quotidiennement au kiosque en bas de la maison où ils font des jus de fruits frais (orange-banane) absolument succulents !
Peut-être pas anodin d'aller se ressourcer en Israël. Mon attachement au pays et à la culture israélienne sont pourtant très relatifs, mais je m'y sens bien. Je retrouve cet appartement de ma grand-mère dans lequel les souvenirs ne phagocytent pas le présent.
J'arrive le jour des 60 ans de la création de l'état d'Israël (Yom Atsmaout). Une fois arrivé dans l'appartement, je découvre un problème de fuite. L'arrivée d'eau extérieure... pas grand chose à gérer si ce n'est que c'est un jour férié et que je ne connais pas de plombier sur place. Mais j'ai du mal à ne pas sourire en pensant à la symbolique de ce voyage et de cette fuite. Comme dirait ma psy : "Vous verrez ce que vous en ferez." Effectivement, le surlendemain, le plombier changera les joints rongés par l'usure.