Préface
intéressante. Mais qu'est-ce qui, venant de Proust, ne l'est
pas?
Il
s'y attaque à une de ses cibles préférées:
Sainte-Beuve.
Il est vrai que ce n'était par
une resucée à l'époque puisque son Contre
Sainte-Beuve n'était pas paru.
Le voici donc parlant de Baudelaire.
« Pauvre Baudelaire! mendiant un article à
Sainte-Beuve (avec quelle tendresse, quelle déférence)
il finit par obtenir des éloges tels que ceux-ci: « Ce
qui est certain, c'est que M. Baudelaire gagne à être
vu. Là où on s'attendait à voir entrer un homme
étrange, excentrique, on se trouve en présence d'un
candidat poli, respectueux, d'un gentil garçon, fin de langage
et tout fait classique dans les formes. »
Et Proust de s'étonner de la
modestie de Baudelaire, ce « génie qui se
méconnaît lui-même ». De défendre
Stendhal « un grand écrivain sans le savoir ».
De s'énerver contre Anatole France, son « cher
maître » qu'il n'a plus revu depuis plus de vingt
ans.
Il est agacé parce que France a
proclamé, dans un article, qu'on ne savait plus écrire
depuis la fin du XVIIIème siècle.
Ah, nous y voici enfin, à
Morand. Son ami Morand. Dont Marcel vante la nouveauté de
regard en lui reprochant « des images autres que des
images inévitables » et en le décrétant,
comme Giraudoux, « généralement assez
fatigant à lire et difficile à comprendre parce qu'il
unit les choses par un rapport nouveau ».
Jusqu'ici, jusqu'à ces deux
pages avant la fin de ce texte qui en compte vingt, il s'agissait
bien peu de Tendres Stocks.
Mais il est vrai que Proust revient
immédiatement à lui, en proposant à Morand,
puisqu'il aime les labyrinthes des palaces, de lui faire visiter
celui de l'Hôtel de Balbec...
Paul Morand, Tendres Stocks, Préface de Marcel Proust, Editions Folio