-
pour les traders, dont un certain nombre vont perdre leur emploi. Même si, comme le dit l'un d'entre eux dans le journal le Monde, « [ils] ne [vont] pas faire pleurer dans les chaumières avec [leurs] histoires de banquiers ». Déjà un certain nombre de cabinets de chasseurs de tête ont installé des bureaux de recrutement improvisé au pied des immeubles des sociétés concernées. Pas faire pleurer dans les chaumières, cela reste à voir.
-
Pour les actionnaires. Qu'ils soient individuels, les petits porteurs, ou collectifs, d'autres sociétés ou des fonds d'investissement, les actionnaires vont passer à la caisse. Pour des deux raisons, la première tient à la diminution des dividendes qu'ils peuvent attendre de leurs investissements. Les alertes sur résultats se succèdent au sein des grands établissements financiers internationaux. La deuxième tient en la dévaluation potentielle de leurs participations. Potentielle car on Bourse, selon l'adage, « tant que l'on ne vend pas on ne perd pas ». Rien de plus vrai, ce qui devrait engager à ne pas céder à la panique, mais qui dans ce monde particulièrement irrationnel, peut entraîner des réactions psychologiques de panique en chaîne. Cela fait penser à un dessin de Pessin, il y a plusieurs mois, à l'occasion d'une autre crise, où le talentueux dessinateur faisait parler un représentant d'une banque centrale, d'après mes souvenirs car je n'arrive pas à retrouver le dessin, que « tous les éléments fondamentaux de l'économique restaient solides et qu'il ne fallait donc pas céder à la panique ». L'un de ses interlocuteurs demande alors à une autre personne de la foule attroupée autour de lui ce qu'il vient de dire et l'autre de lui répondre : « je ne sais pas mais j'ai entendu panique ».
-
Pour les particuliers ensuite. Si comme moi vous n'avez pas ou plus (j'ai arrêté la Bourse quand j'avais 13 ans, l'entrée dans l'âge de raison sûrement) des actions en Bourse, on pourrait rester insensible à ce mouvement financier. Que nenni. Dans une société interconnectée, mondialisée, plus que jamais, tout est dans tout et réciproquement. L'ensemble des produits d'épargne est dépendant de ces politiques financières, les prêts demandés à la banque sont déterminés par la solvabilité du demandeur et les contraintes du prêteur. Dans le cadre d'un salarié d'une entreprise lamba, la solvabilité ne change pas. Ce qui change ce sont les contraintes du prêteur. Echaudé par ses erreurs, le prêteur devient plus méfiant, il devrait plus l'être vis-à-vis de lui-même, à l'encontre de ceux qui viennent lui demander des prêts. D'où une restriction du crédit et donc d'une part de la consommation. L'augmentation des taux d'intérêt à court terme - même si l'on peut s'attendre à une baisse dans les prochaines semaines pour stimuler l'économie justement quand les pressions inflationnistes seront moins flagrantes notamment avec le creux que connaissent actuellement la plupart des matières premières – a pour conséquence d'enchérir le coût du crédit. L'exemple le plus fort est celui des taux variables dans l'immobilier, capés ou non, ils entraînent une augmentation de la durée d'emprunt, donc du coût de celui-ci.
-
Pour les entreprises. Sauf à disposer de fonds propres conséquents pour financer leurs investissements, leur croissance externe… les entreprises ont recours au marché bancaire pour demander des financements sous forme de prêts ou de découverts à leurs banques. Celles-ci pour les mêmes raisons que précédemment, risquent de restreindre l'accès au crédit et/ou de sélectionner plus durement leurs clients.
-
Pour le contribuable enfin, qui aux Etats-Unis aujourd'hui avec les interventions de la Fed, la banque centrale américaine, aux Européens demain, mettent, indirectement la main à la poche pour soutenir des marchés financiers qui viennent de montrer de profondes faiblesses et une forme d'immaturité rare. Il est d'ailleurs amusant ou consternant, c'est selon, de constater que ce qui est possible pour sauver le système financier international, injecter des dizaines de milliards d'euros sur les marchés pour qu'ils ne se retrouvent pas à court de liquidités en raison de la méfiance des établissements financiers entre eux, n'est pas jugé possible quand il s'agit d'injecter de la monnaie dans l'économie pour financer des investissements publics à long terme. C'est une autre histoire et il faudra s'y intéresser un jour.
Ces nouvelles qui on le voit sont mauvaises pour tout le monde (sans parler des pays pauvres dont du coup l'encours de dette augmente quasi-mécaniquement avec la croissance des taux d'intérêt) appellent un certain nombre de constations qui sont autant de propositions pour réformer un système malade des spéculations dont il s'est enrichi dans un système quasiment-pyramidal. Et qui va faire l'objet d'une seconde note car celle-ci commence à être un peu longue.