Je pars
Un billet –
la
soie.
La
joue –
le
gros baiser
Coup de sifflet
et
nous nous précipitons là
où
comme des harengs,
nagent
dans leur bas,
les
grandes voyageuses.
On arrive un jour ‑
horreur
des horreurs,
et le lendemain –
on
n’est plus le même :
la ville et les lèvres
ont
le
même fard –
une pommade rouge,
le
cosmétique du feu.
Les gens joyeux
sont
attirés là-bas.
Triste à Paris ?
pas
question !
À Paris –
une
place et
c’est
– l’Étoile.
Et les étoiles –
sont
toutes des Étoiles.
Siffle,
pénètre,
perce
et taille
dans les Liège
et
les Bruxelles.
Mais : couteau,
Paris,
Bruxelles,
Liège,
c’est pareil,
pour
un russe comme moi.
À l’instant,
dans
un traîneau,
les
pieds
dans la neige,
comme
sur la page d’un journal…
Siffle,
couvre-moi
de neige,
steppe
de Cherson….
le soir,
l’étendue,
les
petits feux,
la grande route,
le cœur brisé de nostalgie,
la poitrine qui se serre.
Une fois,
encore
une fois,
le poème danse.
Une fois,
encore
une fois,
la rime frappe.
Une fois,
encore une fois,et beaucoup, beaucoup d’autres fois…
Les gens,
autres pays, autres races,
cultivent les plates-bandes de l’ordre
ils me voient
m’agiter
tant que ça,
ils se disent :
c’est la fièvre.
1925
Vladimir Maïakovski, L’Universel Reportage, choix, texte français, présentation et note Henri Deluy, farrago, 2001, p. 51 à 53
Vladimir Maïakovski dans Poezibao :
bio-bibliographie,
extrait
1, Ecoutez
si on allume les étoiles
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