Concert jeudi 11 septembre au Théâtre des Champs-Elysées (TCE). L'Orchestre mythique de la Staatskapelle de Dresde est sous la direction de Fabio Luisi. Au programme : Richard Strauss - Don Juan, poème symphonique op. 20 / Beethoven - Concerto pour piano et orchestre n° 3 en ut mineur op. 37 - Brahms - Symphonie n° 4 en mi min. op. 98. Le pianiste est Rudolf Buchbinder.
Je trouve que Rudolf Buchbinder a un faux air de Leonard Bernstein. Ses yeux malicieux et sa carrure révèlent aussi une forme de truculence qui se ressent bien dans son jeu énergique et généreux.
Le pianiste joue en bis des transcriptions de valses de Johan Strauss, visiblement écrites pour les pianistes virtuoses qui raffolent d'épater les vieilles dames dans les salons. Très bon exercice pour travailler ses arpèges !
Après l'entracte, vient alors la 4ème symphonie de Brahms. Dès
l'attaque du premier mouvement, je sens que je vais invariablement m'ennuyer pendant trois quarts d'heure. Cela n'a pas manqué. Direction brouillonne, manque d'inflexion et surtout de netteté des plans sonores. Les parties solo importantes dans cette symphonie (comme la célèbre introduction du cor dans l'Andante moderato) sont d'une mollesse incroyable. L'approche rythmique est à contretemps, les phrasés lourds et ampoulés et cette symphonie est restituée avec une absence certaine d'unité. Surtout, on ne retrouve que très occasionnellement la sonorité pleine, éclatante, qui est en principe la marque de fabrique de ce magnifique orchestre.Comment peut-on faire pour que l'une des phalanges les plus prestigieuses au monde se retrouve à ce point désincarnée et méconnaissable ? Quand je vois ce que Kleiber, Celibidache et Wand étaient capables de restituer avec des orchestres allemands de second rang, cela me sidère de constater à quel point on peut brider un ensemble pourtant d'un tel potentiel. Finalement, heureusement que j'ai raté l'introduction avec le poème symphonique de R. Strauss !