Par http://www.aujourdhuilachine.com/
Après les raviolis aux pesticides ou le dentifrice à l'antigel, la Chine est de nouveau secouée par un scandale sanitaire, qui touche cette fois-ci des nourrissons, dont deux sont morts et plus de 1.200 sont tombés malades pour avoir consommé du lait frelaté.
"1.253 enfants sont tombés malades, deux sont morts", a annoncé le vice-ministre de la Santé, Ma Shaowei, faisant état, lors d'une conférence de presse, d'un doublement des chiffres publiés lundi matin par la presse, "340 sont hospitalisés, 53 dans un état grave".
"Jusqu'à 10.000 enfants ont pu consommer le lait en poudre (du groupe) Sanlu", a ajouté le vice-ministre, laissant entrevoir un drame sanitaire majeur en Chine.
M. Ma a confirmé la mort de deux nourrissons, le 22 juillet et le 1er mai, ce qui laisse penser que la contamination n'est pas récente.
Le groupe Sanlu, qui produit le lait incriminé, s'est publiquement excusé lundi, selon l'agence de presse Xinhua.
L'incident "a fait du mal à de nombreux bébés et à leurs familles. Nous en sommes profondément attristés. Le Groupe Sanlu vous exprime ses plus sincères excuses", a déclaré son vice-président Zhang Zhenling, annonçant "solennellement" le rappel de tous les laits pour enfants produits par sa société avant le 6 août.
Cette nouvelle affaire est d'autant plus embarrassante pour Pékin que c'est l'intervention de la Nouvelle-Zélande -- dont le groupe Fonterra détient 43% des parts de Sanlu -- qui a permis de retirer le lait toxique du marché chinois.
Et Wellington ne s'est pas privé d'accuser les autorités locales chinoises d'avoir voulu étouffer l'affaire.
Au coeur de ce drame alimentaire: la province rurale du Gansu (nord-ouest), où les deux bébés sont morts et où le nombre de nourrissons malades a quadruplé en quelques jours.
Les deux autres provinces les plus touchées, selon le vice-ministre de la Santé, sont le Hebei (nord) et le Jiangsu (est).
Les enfants malades souffrent en majorité de calculs rénaux, une affection qui ne touche généralement que les adultes.
Le lait de Sanlu, attractif en zone rurale en raison de son faible prix, a été frelaté avec de la mélamine, produit chimique utilisé dans la fabrication de plastique, colles ou résines synthétiques, afin d'apparaître plus riche en protéines.
Les mères en Chine préfèrent en majorité nourrir leur nouveau-né avec du lait en poudre, en dépit des campagnes menées en faveur du lait maternel dans les hôpitaux.
La Nouvelle-Zélande, qui avait tiré la sonnette d'alarme, a accusé lundi les autorités locales chinoises d'impéritie. Fonterra a "essayé pendant des semaines d'obtenir un rappel (du lait) mais les autorités locales chinoises n'ont rien fait", a déclaré le Premier ministre Helen Clark. "Au niveau local, je pense que la première tendance a été de tenter de couvrir l'affaire", a-t-elle ajouté, précisant toutefois qu'ensuite que
"Pékin a agi très vite".
Mais ce n'est que la semaine dernière, alors qu'éclatait le scandale, que Sanlu, dont le siège se trouve au Hebei (nord), a rappelé 700 tonnes de lait.
Fonterra a assuré lundi qu'un acte de malveillance était à l'origine de la contamination du lait.
"Il s'agit d'un acte de malveillance contre le produit", a déclaré Andrew Ferrier, directeur exécutif de Fonterra, assurant qu'un tiers avait ajouté de la mélamine dans le lait fourni à Sanlu et que toute contamination durant la production, le stockage ou la vente était exclue.
Le ministre de l'Administration chargé du contrôle de qualité, Li Changjiang, cité lundi par le China Daily, avait auparavant estimé que
l'adjonction de la substance toxique avait dû se faire dans les laiteries privées collectant le lait --où 19 personnes ont déjà été arrêtées-- plutôt que dans les fermes elles-mêmes.
Sanlu avait accusé dans un premier temps les coopératives laitières.
La Chine a été secouée récemment par plusieurs scandales retentissants ayant provoqué la panique jusqu'aux Etats-Unis ou au Japon: raviolis aux pesticides, riz à l'insecticide, dentifrice à l'antigel, ou pâtée pour chiens à la mélamine.