C’était un magasin des tramways rouennais, c’est depuis 10 ans le siège du FRAC. Pour fêter cet anniversaire (jusqu’au 30 novembre) , Claude Lévêque investit le lieu en magicien ordinaire, il déroute le spectateur, le remplit d’émotions et de sensations. A la différence de bien de ses installations aux couleurs violentes, aux senteurs envoûtantes, aux formes mystérieuses, celle ci, Down the street, est d’une pureté et d’une simplicité enfantines. Dehors il y a le ciel gris-bleu de Normandie, il y a les rails qui s’entrechoquent et se rejoignent toujours à l’horizon, il y a des lampadaires éclairant les rues.
Claude Lévêque a invité Guillaume Constantin à partager l’espace avec lui, lui laissant une cimaise orange qu’il peine à exploiter. Par contre, sa pièce sonore dans la Black Box est à ravir : c’est une sonate en négatif. Dans cette pièce, dénommée d’après l’indexateur de Haydn, Sonate Hoboken, d’une sonate jouée par la pianiste Caroline Cren, tous les sons musicaux ont été éliminés; ne subsistent que les bruits de résonance de la caisse du piano, les froissements des feuilles de la partition qu’on tourne, les raclements de gorge et le souffle de la pianiste. Seul le négatif est audible, lui que d’ordinaire on élimine, mais il a le même rythme, le même tempo que la sonate elle-même. On rêve à ce qu’une telle manipulation aurait donné avec le remuant Glenn Gould.
Photo 1 par Marc Domage, courtoisie du FRAC; photo 2 de l’auteur. Claude Lévêque étant représenté par l’ADAGP, ces photos seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.