Privée de toute connexion internet pendant un temps qui s’annonce long, je stocke les notes dans les tréfonds du disque dur et vous les envoie au hasard de mes nomadisations wi-fi.
Jeudi 11 septembre
Un vent de vendanges
La chaleur lourde laisse régulièrement place au vent, à la pluie, à un air plus frais. On sent que l’été tente de quitter la scène, mais hésite encore, tout fier qu’il est de voir les jeunes filles en fleurs arborer leurs jolis débardeurs.
Les plantes ont atteint leur pleine maturité annuelle, avec des feuilles grandes comme ça qui font de l’ombre, et les mûres, enfin, me servent de goûter quand je me balade dans les chemins. On commence aussi à soulever les feuilles pour guetter le champignon : l’omelette est prête pour le cèpe et le rôti de veau
Pareil dans la vigne, paysage hautement local s’il en est. Les grappes lourdes de fruits violets n’attendent plus que le sécateur délicat (où la machine qui l’est moins, faut pinarder a
La vigne est belle en cette saison, avec ses feuilles devenues immenses jusqu’à cacher les bâtisses, et puis les couleurs qui, en douce, passent du vert soutenu au jaune, puis au marron clair. Il se pourrait bien que, d’ici une dizaine de jours, l’automne nous tombe sur le dos.
Samedi 13 septembre
C’est bon cygne
Il y a d’abord une semaine dense, harassante, qui fait pleinement apprécier la pause du samedi. Il y a bien aussi, ça arrive, un peu de pluie. Mais il y a surtout un besoin violent de voir un peu d’océan, de gambader dans la nature, entre mares et sables, parce-que ça fait trop longtemps qu’on a le nez dans le guidon de la maison (partie de saute-cartons et autres joyeusetés).
D’où Andernos, ce fond du bassin d’Arcachon dont j’ai déjà parlé si souvent ici.
Balade archi-connue, faite et re-refaite, dont on ne se lasse jamais. Stationnement du côté du port ostréicole (pour acheter en partant de quoi améliorer l’ordinaire culinaire dominical : demain, on fait riz-de-Toto aux fruits de mer ; c’est comme le risotto, mais sans suivre à la lettre la recette). Stationnement, donc, puis c’est parti en direction d’Arès, jusqu’à la conche de Saint-Brice, en suivant le sentier du littoral (ou le chemin de St-Jacques-de-Compostelle si on a l’esprit mystique). Ça sent l’iode et l’humus en même temps.
Mer pleine, beaucoup d’oiseaux, surtout des cygnes. Une meute de cygnes. A quelques indépendantistes
Toujours les mêmes paysages, au fond, la balade nous est si familière, avec son petit pont de bois, son gros pin sous lequel on se protège de l’averse, et sa plage si calme. Et puis les champs de salicornes, les mûriers paresseux (certains en sont au stade des fleurs, pour la confiture, c’est pas gagné), et les champignons même pas comestibles de-ci de-là sur le chemin de retour, en sous-bois.
Dimanche 14 septembre
Ville d’eau
Reposant aussi ce gigantesque platane, au tronc tellement énorme qu’une ronde d’enfants en ferait à peine le tour. Reposant encore l’observation de ces rapaces qui surfent sur le vent, celle de ces hérons hiératiques comme des ministres sur une photo officielle, et amusant enfin, mais j’étais trop loin pour la photo, ce ragondin qui a coursé une aigrette.
Excellente balade apéritive, à refaire dès que possible.