L’association Ippo œuvre au quotidien sur la place bordelaise afin d’améliorer la situation des personnes en situation de prostitution. Tour d’horizon au terme d’une tournée sur le terrain
«Ippo, Ippo», scandent les prostituées en voyant arriver la fourgonnette de l’association qui arpente deux soirs par semaine les quartiers de Bordeaux et de sa proche banlieue dans le but d’aider et d’accompagner les personnes en situation de prostitution. «Preuve que l’association est reconnue sur le territoire, c’est qu’aujourd’hui, ce sont les prostituées qui accueillent Ippo», souligne Noël Mamère, le député-maire de Bègles qui a accompagné vendredi soir les membres de l’association lors d’une tournée de terrain en compagnie de sa suppléante Naima Charaï, fondatrice de l’association. Créée en 2001, l’association Ippo (Information Prévention Proximité Orientation) facilite l’accès aux droits fondamentaux, la prévention des risques infectieux et l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de prostitution. « Nous ne sommes pas là pour dire aux personnes d’arrêter de se prostituer. Notre objectif est de les accompagner dans leur projet dans une logique qui exclut tout jugement», explique Claire Laroche, co-présidente d’Ippo. Pour se faire, l’association travaille avec de nombreux partenaires associatifs et institutionnels et dispose d’un accueil de jour où des professionnels tiennent des permanences juridiques, médicales et psychologiques. «Le but est de créer une relation de confiance avec la personne afin de cerner ses besoins et ses attentes». Problème de couverture sociale, de santé, de papiers, d’hébergement, d’apprentissage de la langue, les demandes sont diverses et variées. Mais parmi les combats de première ligne, la traite des êtres humains. «80% de la population que l’on rencontre est victime de la traite». Un phénomène en augmentation avec l’arrivée sur la place bordelaise d’un grand nombre de prostituées venant des pays de l’Est, surtout de la Bulgarie, et du Niger. «Nous aidons ces personnes à monter des dossiers afin de faire valoir leur droit de protection dans le pays dans lequel elles se trouvent». Un travail de fourmis qui permet à l’association d’analyser le contexte local mais aussi d’être une force d’interpellation et de proposition au niveau national.
Stella Dubourg