Jacques Rogge, Président du CIO, avait prédit avant les Jeux ( interview du 26 juillet) entre 30 et 40 cas de dopage : de manière quasi scientifique, il a visé juste puisqu'un communiqué de presse du 24 août 2008 indique que " La tolérance zéro porte ses fruits : près de 40 tricheurs pris avant les Jeux et quatre pris par le CIO durant les Jeux [...] " Un nombre record d'athlètes contrôlés, de nouveaux contrôles plus draconiens ". Félicitations au président du CIO pour cette justesse ! Comme dit le dicton " gouvernener c'est prévoir ".Quant à Hein Verbruggen, président du comité d'organisation des Jeux de Pékin et accessoirement ancien président de l'Union Cycliste Internationale (UCI), il pouvait prendre sa retraite du CIO l'esprit tranquille: ces Jeux ont été quand même sacrément propres..
La météo s'obscurcit...Malheureusement, ce bilan de dopage fait à la clôture des Jeux doit aujourd'hui être révisé à la hausse. L'actualité revient en effet périodiquement nous jouer sa petite musique : il y a eu, évidemment, d'autres tricheurs aux Jeux. Ces cas n'ont pas eu, fin des jeux oblige, les honneurs des média qui sont passés à autre chose ( bébé de Rachida Dati, come-back de Lance Armstrong, visite du Pape à Paris ...). Pourtant, il y a des médaillés olympiques et des athlètes de premier ordre...
Il y a d'abord cet article du magasine américain " Sports Illustrated " du 2 septembre nous dit que deux athlètes jamaïcaines se seraient dopées en 2006-2007 dont l'une, Dellorin Ellis-London, a participé aux Jeux; c'est ensuite Rufus, le cheval du Brésilien Pessoa (champion olympique 2004) qui est contrôlé positif à la nonivamide le 4 septembre; on apprend ensuite que deux lanceurs de marteau bélarusses, médaillés d'argent et de bronze à Pékin, sont testés positifs à la testostérone; puis le 5 septembre, on qu'un kayakiste polonais, Adam Seroczynski, a été contrôlé positif au clenbutérol pendant les Jeux et encore le 11 septembre, onze althérophiles sont suspendus à vie de leur fédération à la suite d'un contrôle positif juste avant les Jeux ; là, on a frôlé la catastrophe à Pékin !N'en jetez plus !
Quels enseignements ?D'abord, on comprend que la communication et les contrôles pendant les Jeux ne reflètent pas la réalité : un énorme ménage a été fait avant les Jeux. Mais quid de tous les pays où les fédérations sont faibles, sans moyens... Ce sont les zones à risques du dopage, trop peu contrôlées. C'est, en quelque sorte, le meilleur endroit pour se " préparer " et arriver blanc comme neige aux Jeux.
On constate aussi, bizarrement, qu'au Jeux de Pékin, aucun cas d'EPO de quatrième génération (CERA) n'a été détecté, contrairement au Tour de France ( Ricco) qui venait jsute de se terminer. Trois manières d'interpréter cela : ou bien les tricheurs, voyant qu'elle était décelable, n'en ont pas pris ;ou bien les contrôles pékinois ne l'ont pas recherchée, ou bien enfin seuls les cyclistes se dopent à cela. Je vous laisse choisir.
On peut également faire un constat, qui fait réfléchir : les Jeux de Pékin ont été le théâtre de nombreux nouveaux records (natation et athlétisme notamment) et jamais il n'y a eu aussi peu de dopés. Logique ?Enfin, sans vouloir polémiquer, on peut aussi quand même légitimement s'interroger sur le pays hôte : sachant que le laboratoire chargé de faire les tests, bien que répondant aux standards imposés par le CIO, est un laboratoire...chinois, que ce pays qui n'est tout de même pas la référence en matière de transparence, l'avalanche de médailles chinoises prête légitimement à interrogations. Les chinois ont-ils triché ?.
Le gourdin plane, les média dormentLa grande nouveauté de la lutte antidopage c'est que désormais, les échantillons de sang et d'urine sont conservés pendant huit ans, ce qui permettra une recherche rétroactive. Bien sûr, certains athlètes se foutent pertinemment de l'opprobre postérieure tant que le gain immédiat est là (médaille, argent, contrats publicitaires...). Mais tout de même, ça vous ruine une réputation.
Mais le plus dramatique c'est la léthargie médiatique : des cas de dopage, parfois importants, sont régulièrement relayés par les agences de presse mais les grands média en font au mieux un article, au pire rien du tout. La lutte antidopage est donc cyclique, pendant le Tour de France et pendant les Jeux essentiellement ; le reste du temps, pas grand chose. Quant à la Coupe du Monde de football, à part l'impayable Maradona drogué à la cocaïne aux Etats-Unis, on sait qu'il n'y a pas de dopage à part celui récréatif ( Lama et Barthez pour se relaxer, Mutu pour améliorer ses performances sexuelles ...).
Au fait, Marion Jones, ex-quintuple championne olympique, est sortie vendredi 5 septembre de prison après 6 mois de détention pour parjure.
François