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Une crise financière qui termine la purge

Publié le 16 septembre 2008 par Pierre-Olivier Carles

Si vous suivez l'actualité, vous n'avez pas pu rater ce lundi noir sur l'ensemble des bourses dans le monde. A Paris, les valeurs bancaires ont perdu entre 7 et 15% de valorisation en une seule journée, en prévision puis dans le sillage des mauvaises nouvelles américaines.

Les pertes vertigineuses s'amoncellent, tout comme les plans de secours accordés par le Congrès américain, en centaines de Milliards de $.

Bref, l'impression est que tout s'accélère, vers une sorte de fin du monde économique... ou plus simplement, vers une ré-édition du crack de 1929.

Le plus spectaculaire est la chute des grandes (et souvent arrogantes) banques d'investissement américaines, si puissantes il y a encore quelques mois, moribondes depuis hier matin. On avait découvert les géants aux pieds d'argile, avec la mort subite d'Arthur Andersen... On redécouvre le phénomène quelques années plus tard avec la pandémie mortelle qui frappe le monde de la finance.

Aujourd'hui, c'est vers AIG que tout le monde va se tourner... L'assureur géant, présent dans 120 pays, porte près de 400 milliards de contrats sur les prêts immobiliers à risque (les fameux "Subprimes"). Après que toutes les agences de notation aient sérieusement dégradé sa note, c'est 75 milliards de dollars que la compagnie doit trouver d'urgence. Une paille...

Pourtant, ce doit être dans mes gènes, je reste profondément optimiste pour l'avenir, pour plusieurs raisons, dont les principales suivent.

Cette correction, certes très sévère, était à mes yeux nécessaire. Quand la croissance mondiale plafonne à 5%, la valorisation des entreprises ne peut pas prendre 20 à 30% par an, comme ce fut le cas parfois ces dernières années. Ramener la valorisation de l'économie à ses performances me semble relativement sain.

Ce sont surtout les banques d'investissement qui sont touchées. Les banques de détail, elles, restent solides sur des fondamentaux positifs. Si je prend le cas du Crédit Agricole, que je connais un peu, les pertes s'amoncellent principalement au niveau de Calyon, mais l'ensemble des Caisses Régionales se portent bien et sont d'ailleurs au chevet de la filiale en difficulté. Ce groupe est largement assez fort pour traverser la crise en cours.

J'ai le sentiment que nous sommes au plus fort de la tourmente, non pas que les mauvaises nouvelles soient toutes arrivées, mais plutôt que le plus gros de la vague soit passé. Les sociétés en difficulté ont commencé par se cacher, puis par minimiser les pertes. La difficulté étant à présent généralisée, aucune n'a le sentiment d'avoir fauté plus que les autres et retrouve un peu de transparence.

Enfin, et contrairement à la crise de 29, j'ai vraiment l'impression que tout les opérateurs, publics et privés, sont sérieux et attentifs à l'évolution des événements, gérant rigoureusement chaque étape. Il n'y a ni fuite en avant, ni dédouanement. La FED, par exemple, a une attitude responsable, jouant à la fois du chéquier et du bâton. Même Jean-Claude Trichet, pourtant si critiqué, nous aura vraiment rendu service... mais on ne le voit qu'avec le recul :-)

Je ne suis pas un financier et il y a sans doute des approximations dans mes pensées, mais c'est ma vision, à la fois furieusement optimiste et génétiquement pragmatique.

Bon courage à tous les banquiers qui traversent des heures très difficiles, et en premier lieu, aux plus verts d'entre eux ! ;-)


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