The lookout

Par Alban Ravassard

Bonjour à tous !

Il m'arrive parfois de faire des découvertes surprenantes au cinéma et de tomber par hasard sur des films qui passent inaperçus et qui pourtant recèlent un très bon potentiel. Le film dont vous allez lire la critique ci-dessous est l'un d'eux : " The lookout " (se traduisant par " Le guetteur " en français) de Scott Frank. Présentation.

Synopsis : Pour le brillant Chris Pratt, la vie était pleine de promesses, jusqu'à ce qu'un accident de voiture le laisse avec des graves séquelles neurologiques. Atteint de pertes de mémoire et luttant au quotidien pour contrôler ses moindres gestes et émotions, sa vie s'effondre et il se résout finalement à accepter un petit boulot au service d'entretien d'une banque. Gary, un ancien camarade d'école, va l'aider à reprendre pied. Impressionné par son charisme, Chris devient son ami... et se laisse convaincre de l'aider à cambrioler son propre lieu de travail. Lorsque le braquage tourne mal, Chris comprend qu'il a été manipulé. Mais face à ce nouveau coup dur, il va cette fois réagir et tenter de retourner la situation à son avantage...

" The lookout " est le premier long-métrage en tant que réalisateur de Scott Frank, mais ce nom ne vous est peut-être pas méconnu car il a déjà travaillé avec certains des plus grands réalisateurs au poste de scénariste. Ainsi, il a contribué à l'écriture (entre autres) de " Minority Report " de Steven Spielberg, " Hors d'atteinte " de Steven Soderbergh, " Get Shorty " de Barry Sonnenfeld ou encore de " Dead again " de Kenneth Branagh. Deuxième information importante, ce projet de film " The lookout " est un projet produit par Dreamworks et à l'origine, David Fincher et Sam Mendes étaient intéressés par ce projet ainsi que Brad Pitt, Tom Hanks et Leonardo DiCaprio.

Au final, le film s'est fait sans eux et n'en est pas pour autant moins bon, bien au contraire. Le défi était pourtant de taille pour Scott Frank lorsque l'on connaît les différentes variantes qu'a connues un sujet tel que l'amnésie à l'écran. Allant du meilleur (" Memento " de Christopher Nolan), au moins bon (" Memories " de Roland Suso Richter). Mais ici, le film s'en sort d'une part par une très bonne écriture scénaristique et d'autre part avec des idées de mise en scène vraiment intéressantes.

Le film n'est peut-être pas incontournable mais il a le mérite de commencer de manière fort élégante avec une mise en scène novatrice et un scénario très bien ficelé qui n'hésite pas à user des implants et autres prolepses. On notera une magnifique séquence d'ouverture, l'accident, dont la mise en scène privilégiant la suggestion est d'une grande intensité. Cette scène est suivie d'un concept vraiment très intéressant de la description de l'amnésie du personnage et du côté répétitif de sa vie. Une entrée en matière qui a de quoi accrocher le spectateur et probablement un des débuts de film les plus efficaces que j'ai vu depuis longtemps. Il y a bel et bien là tout un ensemble d'idées de réalisation assez intéressantes et qui je dois l'avouer dont dans l'ensemble vraiment très bien exploitées.

Une seule scène vient un peu casser l'intégrité du film : une scène de fusillade où l'on se demande ce qu'il a bien pu se passer au niveau technique : passage en vidéo dû à un problème technique ? Peut-être que le réalisateur a voulu montrer l'action d'une manière plus réaliste et ainsi trancher avec l'ambiance globale avec une séquence plus violente et active, ce à quoi contribue le rendu vidéo. Alors choix artistique ou problème technique difficile de trancher mais on sent l'influence de séries telles que "24" dans la séquence ce qui n'est pas forcément très adapté à l'ambiance que le film avait instauré jusqu'alors.

Du côté des acteurs, quel plaisir que de retrouver Joseph Gordon-Levitt dans le rôle principal. l'avais déjà vu à l'oeuvre dans "Brick" où il était déjà formidable. Il a aussi joué dans "Mysterious Skin" de Greg Arakki que je n'ai malheureusement pas encore eu l'occasion de voir. Un vrai acteur caméléon qui semble habitué aux rôles où le personnage subit une évolution... Ceux qui ont vu le petit bijou qu'est "Brick" me comprendront... Ici sa performance ne manque pas d'être marquante et on peut aller jusqu'à dire qu'il porte en grande partie la réussite du film sur ses épaules tant il est surprenant. Un véritable travail sur l'évolution du personnage que l'on voit rarement aussi bien joué dans d'autres films.

Il est par ailleurs bien entouré, avec notamment Jeff Daniels dans le rôle de son colocataire aveugle qui réussit ici à s'extirper avec brio des clichés inhérents à de tels rôles généralement stéréotypés. De la même manière, Matthew Goode en gangster manipulateur et Isla Fisher en femme fatale viennent compléter à merveille ce casting qui était déjà au diapason. Dans ses meilleurs moments et notamment pendant le climax le film évoque des chefs-d'œuvre tels que " Fargo " mais je m'égare peut-être un peu (la neige aide au rapprochement...).

Reste une nouvelle fois que la fin du film pourra légèrement en décevoir certains à cause de l'obsession américaine du happy end forcé et souvent imposé par les producteurs qui ont déjà privé de grands films (tels que "l'effet papillon") de la fin prévue à l'origine dans le scénario de départ... Heureusement que les éditions DVD corrigent ça avec les fins alternatives mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas ! Impossible de dire si c'est le cas ici mais rassurons-nous cela n'ôte pas au film toutes ses (grandes) qualités. Une vraie bonne surprise.

Note : 4/5

Un premier long-métrage novateur, surprenant et très bien maîtrisé. Une réussite presque totale.