L'automne sentait l'hiver

Par Volodia

L'automne

sentait l'hiver

je cherchais de la compagnie

désespérément

je l'ai

le chemin était gelé

les cigarettes avaient un goût

de cendre et de menthe

froidement dégueulasse

avec une lumière

qui filtrait au travers

la nostalgie

un âge d'or fantasmé

les trains alors

je les emprûntais peu

je les laisser filer

sans rien en dire

sans les retenir

la voie glacée

le givre

était un livre

je lisais dans ma main

un destin vide fait d'allées-venues

les hautes cimes

les basses fosses

aujourd'hui j'ai une vierge

autour du cou

un talisman qui appelle

la potence

une torture d'apparat

l'âme caillée

l'écaille d'un dragon

un pont d'argent relie

mes hécatombes

et l'amour souffle fort

sur les ruines des saisons

je m'accroche aux trésors

plus que de raison

une fois le tunnel traversé

c'est encore l'été

une trahison

le lieu où les étoiles s'en vont

mourir

paisible

désertique

paralysies à foison

je me rappelle l'arôme de la terre

en bouche

les coins de ciel que l'oeil

ignorait

la vision droite fixée

sur le soleil

un pilier absolu un étendard

le sort des noyés se moque de celui des nageurs

à l'effort du fleuve de l'été

et la peur étouffée dans la cage des soudards

surgit au détour des liqueurs

rencontrées sur la route du passé.