Fallait-il inscrire les origines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de la Constitution ? Cette question, qui peut paraître anecdotique, a donné lieu à des débats enflammés sur la nature du projet européen et la place que doit tenir la religion. La Pologne et l’Espagne se sont battues en vain pour inscrire dans le marbre cet héritage. Ce qui m’amuse un peu dans la mesure où ces mêmes pays sont les premiers à critiquer le fascisme soviétique ou nazi…
Petit rappel historique. 313 de notre ère, Édit de Milan, l’empereur Constantin se convertit au christianisme. L’Église et le pouvoir commence une longue et fructueuse entente. Dès 330, Constantin fait exécuter des philosophes pour Sorcellerie. Des autodafés sont pratiqués. 380, les non-chrétiens sont exclus des charges publiques. 391, Théodose proclame le christianisme seule religion officielle. Les temples païens sont détruits, les philosophes s’exilent. Certains sont mis à mort. Vers 415, Hypathie, philosophe néoplatonicienne est poursuivie, dépecée, traînée dans la rue et brûlée par des moines chrétiens…
C’est le début des éblouissantes racines chrétiennes de l’Europe. L‘idéologie catholique envahit toutes les sphères de la société. De la naissance à la mort, du baptême à l’extrême onction, la vie du fidèle est encadrée par l’Église. La frontière entre la vie privée et la vie publique s’efface. La sexualité, le mariage, la procréation est encadrée et surveillée par l’Église. Tous ceux qui dévient de la pensée unique : “hérétiques” sont torturés et mis à morts. La contrainte et la peur permettent de gouverner la société. Voyez-vous chers lecteurs le tableau qui apparaît devant vos yeux ? C’est la définition du fascisme. L’Église apostolique et romaine a réalisé au Moyen-Âge ce qu’Hitler, Mussolini et Staline ont à peine osé rêvé au XXe siècle. L’historien Henri-Irénée Marrou parle à ce titre d’un état totalitaire.
Aujourd’hui, j’écoute avec inquiétude les discours de notre président, pour qui “la religion est un patrimoine vivant de réflexion et de pensée, pas seulement sur Dieu, mais aussi sur l’homme, sur la société, et même sur cette préoccupation aujourd’hui centrale qu’est la nature. Ce serait une folie de nous en priver, tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée.” Avant d’en appeler à “une laïcité positive.” (Ce qui sous-entend que notre laïcité est négative)
Le christianisme, c’est plus de mille ans d’obscurantisme, de scolastique verbeuse et de combat contre la raison et l’intelligence. La misogynie, l’antisémitisme, l’obéïssance, dans lesquelles l’Europe puise sans doute son “génie.” L’Église n’a reculé que parceque des gens ont risqué leur vie en faisant travailler leur raison, en abattant pierre par pierre un dogme fantasmagorique auquel s’attachent encore quelques millions d’illuminés. Illuminés qui viennent maintenant nous expliquer ce que doit être la laïcité et comment nous devons vivre notre foi. Vous me direz, les Cardinaux ont élu un conservateur, il est dans son rôle… ce qui me désole, c’est les discours d’un président laïque inspirés directement par les écrits du cardinal Ratzinger devant qui ont déploie aujourd’ui le tapis rouge. Et il vient nous expliquer qu’une vie sans dieu n’est que ruine de l’âme… Qu’il serait folie d’oublier les bienfaits de la religion chrétienne… A-t-on déjà entendu un président allemand revandiquer les bienfaits du national socialisme ??? Argll, je m’étrangle.