Pondichéry, Tamil Nadu, juillet 2008Un matin d'août, notre chauffeur-guide Kumar se penche par-dessus mon épaule, tandis que je décortique The Hindu en savourant mon idli. "Les temps de paix sont terminés, mon pays rentre dans une période de grande turbulence", me lance-t-il d'une inquiétude à peine voilée. Le journal consacrait sa une à la recherche des terroristes après les attentats d'Ahmedabad et de Bangalore survenus fin juillet. Les bombes qui ont ensanglanté New Dehli samedi dernier confirment tristement les prédictions de Kumar. Jusque là confinée à la frontière avec le Pakistan, la violence frappe désormais un peu partout dans le pays. La colère des groupes islamistes s'est attisée depuis les débordements antimusulmans de 2002 qui avaient accompagné l'arrivée au pouvoir des fondamentalistes hindous dans le Gujarat (il faudra qu'on me donne la clé d'ailleurs : comment des extrémistes sont-ils parvenus à la tête de cet Etat du Nord de l'Inde?). L'essaimage de la terreur s'est récemment amplifié après le rapprochement de l'Inde avec les Etats-Unis, officialisé par un accord de coopération nucléaire. Cet engagement stratégique voulait d'abord assurer à l'Inde un contre-pouvoir face à la tentation hégémonique de la Chine sur une grande partie de l'Asie. Et voilà qu'un nouvel et invisible ennemi se dresse contre elle. Comment tout cela va-t-il finir?