Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et vice-président du conseil régional, est en très grande forme. Tout lui réussit en cette rentrée. C’est un homme heureux, cela se voit et se sent.
À la Région tout d’abord, avec la première place obtenue par la Région Haute-Normandie dans le classement financier national des régions françaises établi par PES (Public Evaluation System) une agence privée de notation des collectivités territoriales. Première sur vingt-deux, la région Haute-Normandie est selon les critères de cette agence, la mieux gérée de France. Marc-Antoine Jamet, vice-président du conseil régional, chargé des finances, a de quoi être très satisfait.
À Val-de-Reuil, ensuite, ville dont il est maire depuis huit ans. Nul ne peut nier aujourd’hui que la ville nouvelle a trouvé un nouveau souffle. De son effort soutenu, il recueille aujourd’hui les fruits. Même s’il reste encore beaucoup à faire, on ne peut que constater que l’opération de renouvellement urbain dont il fut avec l’État l’un des premiers signataires, commence à porter ses fruits et que la ville change et s’embellit. Val-de-Reuil possède maintenant une médiathèque remarquable, le lycée Marc Bloch s’est agrandi et le chantier de la grande halle régionale de sport avance pour ne citer que ces principaux exemples.
À l’Agglomération Seine-Eure, enfin où Franck Martin, en dépit de sa réélection à la présidence de la CASE, sort affaibli des dernières consultations électorales auxquelles il a participé : échec aux législatives, échec aux cantonales ; deux résultats qui ont stoppé net les désirs de ce dernier de cumuler les mandats à tous les échelons de la vie publique. Quant à la question de la candidature de son éternel rival aux prochaines sénatoriales, le silence de Marc-Antoine Jamet sur ce sujet en dit plus qu’un long discours.
C’est donc serein qu’il aborde cette rentrée et cela se sent dans l’interview qu’il donne cette semaine à La Dépêche. Cette attitude résolument optimiste contraste singulièrement avec celle de Franck Martin, maire de Louviers, président de l’Agglomération Seine-Eure, la semaine passée dans ce même journal, dont le pessimisme s’affichait en grand titre. Nous ne reviendrons pas sur cette dernière. Nous l’avons commentée dans notre dernier billet.
Pour tout dire en un mot, cette interview est un petit chef-d’œuvre de sous-entendus et de non-dits révélateurs. Chaque phrase, chaque mot est en creux l’exact contraire de ce que dit et fait le président de l’Agglomération. Le titre parle de lui-même : « Je ne prendrai jamais Louviers en otage » - sous-entendu, comme n’hésite pas à le faire Franck Martin pour Val-de-Reuil.
Et cela continue. Nous ne résistons pas au plaisir de vous en faire partager les meilleurs extraits. Marc-Antoine-Jamet : « Moi, je n’ai pas de jalousie ni d’envie pour la vie personnelle, professionnelle, universitaire du maire de Louviers ». À bon entendeur, salut !
Et sur le mode psychanalytique : « Cette notion, qu’on peut peut-être apparenter à un complexe, a visiblement besoin d’un objet transitionnel, ce que je suis devenu… »
Et encore « …de ma part, vous n’entendrez jamais un mot contre Louviers. Soyons très clairs sur la question : je ne fais pas passer mes sentiments personnels ou politiques au-dessus de l’intérêt général. »
C’est donc, on le voit, à un exercice d’une virtuosité éblouissante que se livre le talentueux maire de Val-de-Reuil sans jamais mettre directement et nommément en cause son adversaire politique.
Gageons qu’avec le projet de la Communauté urbaine du Grand Rouen qui se profile à l’horizon et dont Franck Martin, après qu’il en a été le défenseur auprès de Pierre Albertini, l’ancien maire de Rouen, en est à présent le détracteur depuis que Laurent Fabius en est devenu le promoteur, Marc-Antoine Jamet ne manquera pas de sitôt d’eau à son moulin et de grain à moudre.
Reynald Harlaut
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