Àprès mes trois semaines de vacances, le retour au boulot, à la veille et donc à ce blog s’est fait très lentement voire paresseusement. Mais cette fois-ci ça y est Blogoanna redémarre et pour preuve le retour des interviews avec cette semaine celle de Benoît Drouillat co-fondateur et président de l’association Designers Interactifs.
Goanna – Bonjour Benoît tu es le fondateur et président des Designers Interactifs peux-tu nous présenter rapidement le rôle de cette association et ses objectifs ?
*designers interactifs* a été créé en 2006 pour organiser et promouvoir en France les métiers du design numérique, qui aujourd’hui restent largement mal connus par les entreprises. L’association ne se veut pas une association de designers pour les designers, mais veut au contraire être tournée vers les entreprises qui ont recours au design, que cela soit dans le cadre d’un projet web, d’un service, ou pour la création d’un produit mettant en jeu la technologie.
Goanna – Qu’est-ce qui t’a amené à créer cette association ?
C’est essentiellement le constat qu’en France le design numérique (mais aussi le design d’une manière générale) n’est pas suffisamment valorisé et son processus pas suffisamment expliqué. Beaucoup, y compris parmi les designers, croient encore que le design se réduit à un dispositif d’habillage. J’ai aussi senti depuis de nombreuses années en France un certain individualisme et un certain manque d’intérêt pour la culture de ces métiers, chez les designers eux-mêmes. Avec les 7 autres fondateurs de l’association, qui sont des passionnés comme moi, nous avons eu envie de modifier cet état d’esprit pour façonner avec nos membres une discipline plus forte, mieux reconnue. Nous avons beaucoup observé les communautés métiers dans le monde anglo-saxon, et leur modèle continue de beaucoup nous inspirer. Je pense notamment au Design Council.
Goanna – Quels sont donc les avantages pour un designer d’adhérer Designers Interactifs ?
Tout d’abord, nos membres bénéficient de la chose la plus importante pour exercer leur activité : un réseau. Ils accèdent ensuite gratuitement à un ensemble de publications sur les métiers (livres blancs, études sur les salaires, bonnes pratiques). Ce que recherchent aussi nos membres, c’est l’appartenance à une communauté métier qui les crédibilise. Cela dit, les « avantages » ne sont pas la finalité de l’association. *designers interactifs* est un système d’échange : ce que ses membres lui donnent, la communauté leur rend, et inversement.
Goanna – Qui adhère aux Designers Interactifs, frees ? Salariés ? Étudiants ? Quels métiers ?
Nos membres sont aujourd’hui principalement des designers indépendants. Viennent ensuite les salariés, les entreprises, et les étudiants. Quasiment tous les métiers sont représentés, c’est ce qui fait notre force : designer d’interface, chef de projet, développeur, consultant, architecte de l’information, motion designers… Notre modèle évolue aussi de plus en plus vers les entreprises, c’est dans la logique de nos objectifs sur la promotion du design.
Goanna – Peux-tu donner un chiffre du nombre d’adhérents ?
Nous comptons aujourd’hui 200 membres. Même si nous avons l’ambition de nous développer, nous souhaitons maintenir une communauté de membres modeste mais très active, plutôt que très nombreuse et peu mobilisée.
Goanna – Les Designers Interactifs représentent-ils des designers majoritairement parisiens ? Si oui quelles sont les proportions entre les parisiens et les non parisiens ?
Les designers parisiens représentent 70 % de nos membres. Le design demeure très centralisé, proche des entreprises qui l’utilisent : ce constat est généralisable à toutes les disciplines. Nous faisons, avec le temps dont nous disposons en dehors de nos emplois salariés à plein temps, le maximum pour étendre nos initiatives en région. Nous avons organisé cette année une conférence à Nantes, en partenariat avec l’Ecole de Design Nantes Atlantique. Elle a été un vrai succès avec 300 participants.
Goanna – Que faudrait-il aux Designers Interactifs pour réunir les designers sur une plus large zone géographique ?
Pour commencer à établir des chapitres régionaux, l’association a besoin de designers volontaires, de véritables ambassadeurs pour mobiliser sur place une communauté. Nous pouvons bien sûr nous déplacer à peu près partout, mais l’option la plus efficace reste la constitution d’un réseau décentralisé. Nous connaissons les régions dans lesquelles la demande est la plus forte : le Rhône-Alpes, PACA, et le Nord. Des relais supplémentaires seraient très utiles.
Goanna – Qu’est-ce qu’un designer peut attendre de l’association lorsqu’il en devient membre.
La même chose que ce qu’en attendent ses fondateurs : exercer leur métier dans de meilleures conditions, un meilleur partage des connaissances, une meilleure formation, une meilleure reconnaissance, de meilleurs échanges. Cela se construit progressivement, nous sommes très jeunes. En moins de deux ans nous avons organisé ou contribué à une cinquantaine d’événements, et réalisé 6 publications.
Tout cela, il faut le rappeler, est rendu possible par l’étendue du travail collectif mené au sein de l’association. Nous avons par exemple en ce moment plusieurs de nos membres qui ont initié la préparation de conférences : une sur le design d’interface mobile, une sur le motion design et une sur le design sonore. Ces initiatives, démultipliées, bénéficient à tous les membres et sont essentielles.
Goanna – Et inversement qu’attend les Designers Interactifs de la part des membres ?
Une mobilisation plus forte. Qu’ils n’hésitent pas à venir vers nous avec des initiatives, des projets. Nous attendons de chacun de nos membres qu’ils contribuent à faire rayonner la communauté entière par leur implication. Qu’ils soient de véritables ambassadeurs pour leur métier. Qu’ils s’ouvrent plus à l’extérieur et qu’ils échangent encore plus entre eux.
Goanna – Penses tu qu’une association comme les Designers InteractifsI devrait avoir aussi un rôle de défense et d’information auprès des designers ?
La défense des métiers n’est pas vraiment notre crédo, en revanche, leur promotion, totalement. Contrairement à l’AFD, avec qui nous avons régulièrement discuté, nous ne sommes pas un syndicat professionnel. Nous préférons être en amont dans l’évangélisation, l’explication. En général, on défend une profession lorsqu’elle est attaquée. Pour le design numérique, c’est un peu différent car les métiers sont nouveaux et en cours de professionnalisation, à la recherche d’une meilleure crédibilité.
L’information est en revanche totalement de notre ressort, toujours dans la limite de notre temps bénévole. Nous finalisons une première version d’un guide juridique. Le droit d’auteur est une problématique totalement occultée dans nos métiers, cela doit changer. Cela fait partie des positions que nous partageons entièrement avec l’AFD et avec d’autres acteurs.
Goanna – En tant que président des Designers Interactifs et ex-free (si je ne me trompe pas), que donnerais-tu comme conseil à un jeune designers qui sort de l’école et entre dans le monde du travail (free ou salarié) ?
Le premier conseil que je pourrais donner à un jeune designer est d’aller assister le plus souvent possible à des conférences, workshops etc. De lire beaucoup, faire beaucoup de veille, de développer sa culture du design. La clé de voûte, c’est la culture.
Un autre conseil que je pourrais donner à un jeune diplômé pour réussir serait de développer sa capacité à comprendre le métier de son client. Souvent, nous les designers sommes enfermés par nos clients dans la dialectique « J’aime »/ « J’aime pas ». Pour en sortir, et pour faire passer le design d’un service décoratif à une vraie activité stratégique, un designer doit démontrer en quoi les solutions qu’il propose répondent aux besoins « business ». Ce chemin est souvent long et difficile.
Goanna – Le mot de la fin est libre si tu as quelque chose à ajouter, une info ou une pub à passer par exemple…ou autre.
Merci de nous avoir ouvert cette tribune. Pour ceux qui voudraient découvrir l’association, la meilleure façon est de venir à un événement, conférence ou workshop. Nous sommes ouverts à tous les professionnels intéressés par le design numérique. Le travail devant nous est encore énorme mais il y a une forte ambition et derrière une véritable demande. Il y a des responsabilités intéressantes à prendre dans l’association pour ceux qui souhaitent s’investir et évoluer.
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