Alors que le réchauffement climatique est en marche, que les ressources d'eau potable s'appauvrissent, la compagnie minière canadienne Barrick Gold Corporation (première productrice d'or au monde) a jeté son dévolu sur la majestueuse cordillère des Andes.
Barrick Gold étudie un mega-projet d'extraction d'or, d'argent et de cuivre dans la vallée andine de Huasco depuis 1997, un projet dénommé Pascua-Lama, chevauchant le Chili et l'Argentine. A plus de 4000 mètres d'altitude, cette mine à ciel ouvert s'étendra sur 3000 kilomètres carrés, condamnant trois glaciers pour accéder aux réserves d'or, et affectant à jamais les rivières de la vallée (une zone principalement agricole) et les nappes souterraines alimentées par les glaciers. De toute évidence, le projet met en péril cette réserve d'eau douce, l'économie fragile des communautés et garantit un impact irréversible sur l'environnement.
L'activité minière prévoit un déplacement journalier d'environ 50 tonnes de matériel, un mouvement de transports considérable qui va entraîné un soulèvement de particules comparable aux plus grandes mines du monde. A la contamination des eaux résultant de la procédure d'extraction par le cyanure, le mercure et l'arsenic, s'ajouteront les risques quant au déplacement constant de charges hautement toxiques, des centaines de camions devront transiter chaque mois sur l'unique route longeant une rivière.
Le Chili possède d'importantes réserves d'eau douce d'une grande pureté. Nous savons que l'épuisement de ce bien précieux va provoquer de graves conflits dans le monde, et pourtant, quelques humains le condamne au prix de l'or, un métal qui n'étanchera jamais d'autre soif que celle du pouvoir ou du plaisir.
Un peu d'histoire :
La Compagnie Barrick Gold a été fondée par Peter Munck (ancien premier ministre canadien) avec le financement du renommé marchand et trafiquant d'armes saoudien Adnan Khashoggi et l'un des principaux actionnaires n'est autre que Georges Bush père.
Un traité minier bilatéral a été signé en 1997 et ratifié en 2000 entre le Chili et l'Argentine pour permettre l'exploitation des minéraux sur la frontière entre ces deux pays. «Pour la première fois, le traité minier autorise l’exploitation transfrontalière des dépôts de minerais et couvre une superficie de plus de 200.000 kilomètres carrés. Il est présenté comme une occasion unique pour les deux pays d’exploiter leurs ressources minières de façon plus efficace, de coopérer pour la recherche et le développement de nouvelles technologies minières, de promouvoir l’« investissement mutuel” et de protéger l’”intérêt national et public” des deux pays. Mais, moins d’une décennie après sa ratification, il s’est plutôt révélé être un instrument puissant et indispensable pour les sociétés transnationales, leur permettant d’avoir accès et d’exploiter des ressources binationales. Aucun investissement national, que ce soit public ou privé, n’est encore passé par lui. De fait, ce traité est le résultat d’années de pression exercée par les plus grandes sociétés minières du monde. Rio Tinto, Barrick Gold, Falconbridge, Tenke Mining ont établi des bureaux locaux ou des succursales, ont adhéré aux chambres nationales des mines et/ou ont déployé toute leur force de pression. Dans un premier temps, cette pression a produit des “protocoles de facilitation” spécifiques, concédant des conditions et des privilèges spéciaux, principalement à Barrick Gold et à Falconbridge.» source : Le colonialisme des ressources et le traité minier Chili–Argentine
Barrick Gold a présenté son projet Pascua-Lama aux gouvernements chilien et argentin pour la première fois en 2001. Celui-ci n'indiquait pas la présence de trois glaciers sur le territoire chilien (le Toro 1, le Toro 2 et l'Esperanza), un "oubli" passé inaperçu dans les bureaux de la COREMA, la commission environnementale régionale, tête en l'air ou corrompue, chargée de l'étude d'impact et de la validation du projet. Face à l'indignation des associations écologiques et agriculteurs de la région, la commission a tout de même accepté le projet mais sous réserve de préserver les glaciers.
Ce projet a fait l'objet d'un rapport en 2004. Celui-ci a révélé qu'aucune étude sérieuse n'avait été faite par Barrick concernant les glaciers, les ressources hydriques (le processus d'extraction d'or nécessitant des quantités d'eau considérables), la décharge de roches stériles, les travaux de déviation des cours d'eau, l'accumulation d'eau contaminée dans l'excavation minière, le stockage des combustibles, et bien d'autres détails dommageables.
Barrick a donc présenté un nouveau projet prévoyant de déplacer les glaciers en les découpant en blocs pour pouvoir les transporter quelques kilomètres plus loin, une nouvelle scandaleusement interprétée par l'opinion publique et internationale. Les glaciers étaient sauvés de la dynamite mais pas du mépris de la compagnie. "Un glacier n'est pas seulement de la glace, mais un écosystème très sensible et mal connu. En couper une partie, c'est altérer le reste, et bouleverser le fragile équilibre hydraulique de la région" Raul Montenegro, professeur de biologiste en Argentine, Prix Nobel Alternatif en 2004.
Pour calmer les esprits, Barrick a annoncé la création d'un fond pour le développement durable de 60 millions de dollars pour la communauté, en lui demandant, en contrepartie, de ne pas s'opposer à l'étude d'impact environnemental (fond réservé à la construction d'un barrage pour garantir l'eau aux agriculteurs). Pendant ce temps dans la province argentine de San Juan, tandis que la compagnie publicitait sa campagne de cadeaux de bienfaisance (la stratégie notoire des entreprises pollueuses), la télévision diffusait des spots vantant la politique de mines responsables de Barrick Gold (santé des employés, respect de l'environnement, développement économique et social des communautés... les boniments d'usages des industriels). Ces manipulations médiatiques avaient pour but :
- d'ébranler de graves accusations pour contamination d'eaux souterraines par des hydrocarbures et
- d'éviter une réaction protestataire des communautés au projet d'exploitation Veladero (autre mega-projet dans les Andes argentines menaçant la Réserve de biosphère de San Guillermo, inscrite à l'UNESCO, ainsi que le bassin du fleuve Jachal).
Finalement, en 2006, la commission chilienne a donné son aval en rejetant toutefois l'idée de déplacer les glaciers, mais en écartant tout de même l'opposition des communautés et des associations. Cet accord a eu pour conséquence la suspension par la compagnie Agrosuper d'un projet agricole d'une inversion de 500 millions de dollars dans la vallée de Huasco, un projet qui aurait bénéficié à l'économie locale.
Malgré l'accord des deux gouvernements, divers obstacles n'ont toujours pas permis, deux ans plus tard, le lancement de Pascua-Lama. Le projet est détenu par la compagnie du fait, notamment, des différences de réglementation des taxes entre les deux pays. Il faut rappeler que les années de dictature qui ont pesées sur ces pays, ont été très bénéfiques aux entreprises étrangères. Celles-ci ont dégagé des profits phénoménaux qui rendent, aujourd'hui, très difficiles les arrangements et la mise en place d'une législation sur les exploitations minières dans la zone frontalière.
De plus, le projet de mine se trouve sur des terres réclamées par la communauté indigène Diaguita qui a dénoncé le gouvernement chilien auprès de la commission inter-américaine des droits de l'homme. Le gouvernement s'était engagé à respecter les droits des communautés indigènes et à restituer les terres, un engagement qu'il n'a toujours pas respecté car s'il donnait le droit sur la terre et l'eau aux Diaguitas, ceux-ci pourraient s'opposer juridiquement au projet de mine.
La compagnie a notamment été accusée de crimes environnementaux pour avoir détruit 50 à 70% des glaciers au moment de l'étude de Pascua-Lama et de la construction de la route.
Un autre procès a opposé Barrick à un citoyen chilien pour acquisition frauduleuse de terres. La compagnie avait acheté 8200 hectares de terres adjacentes à la concession minière pour 20 dollars, suite à une falsification du contrat de vente qui stipulait le million. Une accusation pour corruption de juges s'est ajoutée à ce scandaleux procès. Finalement, la résolution a donné raison au vendeur et Barrick s'est vue dans l'obligation de restituer les terres, un dur revers qui met Pascua Lama en péril puisque ces terres renferment la plus importante quantité d'or que la compagnie prétendait extraire.
D'autres obstacles font de l'ombre à ce projet démoniaque mais Barrick n'a pas encore dit son dernier mot...
Barrick Gold est une compagnie meurtrière, un bien pale reflet de l'industrie minière :
Australie : le lac sacré Cowal
Tanzanie : pillage minier canadien cautionné par la Banque Mondiale
Que s’est-il vraiment passé à la mine d’or de Barrick en Tanzanie ?
Bulletin du WRM Nº 77 - Am. du Sud / Decembre 2003
Argentine : les échos du plébiciste contre une exploitation minière canadienne
Version traduite de la page : Argentina - Famatina Says NO to Barrick Gold
Des leaders autochtones dénoncent les activités de Barrick Gold
L’industrie minière face à l'environnement, aux droits humains et autochtones
“Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique”
"Noir Canada" est lancé malgré les menaces de Barrick Gold
Barrick Gold au Congo
sites en anglais :
Barrick Gold : Company Profile
Protest Barrick.net : Global Day of Action Against Barrick Gold
Quelques liens Pascua-Lama :
Pascua Lama - Comité pour les Droits Humains en Amérique Latine
Lettre ouverte adressée à la Présidente du Chili
Le projet de la mine d'or de Pascua Lama provisoirement suspendu
Chili : Barrick Gold menace des glaciers
Déplacer des montagnes de glace
Un projet gigantesque d'extraction minière, gravement nuisible à l'environnement
Chili : mobilisations contre des méga projets miniers
Barrick et l'or des Andes
El escandaoso proyecto internacional de Pascua-Lama
L'industrie minière déplace des montagnes tout en manipulant les substances chimiques les plus dangereuses. Il est évident qu'elle produit d'irréversibles impacts sur l'environnement et les communautés. Le projet Pascua-Lama n'échappe pas à la manipulation tendancieuse de l'information en faveur des intérêts de puissants groupes internationaux. Il n'existe aucune activité minière non polluante
mine de Chuquicamata, Atacama, Chili (parmis les plus grandes mines de
cuivre à ciel ouvert du monde, la plus grande se trouvant en Afrique du Sud)
mine palabora, Afrique du Sud (4000x3564 - 4601 ko)
mine de charbon, Afrique du Sud photo Yann Arthus Bertrand
mine de charbon, Afrique du Sud
mine de diamants, Inde
mine dans le Nevada, Etats-Unis
mine d'or au Mali
mine en Afrique du Sud
mine dans le Nevada, Etats-Unis
mine sur l'île Rapu Rapu, Philippines
mine d'or dans le Colorado, Etats-Unis
mine en Colombie Britannique, Canada
mine de diamants en Afrique du Sud
mine de fer dans le Para, Brésil
mine en Amazonie, Brésil
mine d'or en Amazonie, Brésil