Rien n’est moins sûr… Dans une enquête dans le monde There.com, intitulée “Est-ce un jeu ? Preuve de l’influence sociale dans le monde virtuel”, deux chercheurs de l’université de Northwestern, dans l’Illinois, Wendi L. Gardner et Paul W. Eastwick, démontrent que les ségregrations ont aussi cours dans les espaces virtuels.
“On aurait pu penser que ceux qui vagabondent dans un univers imaginaire, hors des lois du temps, de l’espace et de la gravité, et permettant de rencontrer toutes sortes de personnages étranges, auraient réagi autrement”, déplore M. Eastwick. “Mais les gens montrent la même attitude, et les mêmes types de préjugés raciaux qu’ils montrent dans la vie réelle”, poursuit-il.
Pour aboutir à de telles conclusions, les chercheurs en psychologie sociale ont sondé 416 avatars, à diverses heures de la journée. “Vous téléporteriez-vous avec moi vers Duda Beach, pour me laisser prendre une image de vous ?”, demande Mike 111, un être virtuel servant de témoin, dont la peau fut tantôt blanche, tantôt noire. “En tous autres points, les deux avatars sont identiques : le même corps, et les mêmes vêtements”, soulignent les chercheurs. Cette simple question constitue un test efficace pour les psychologues, qui éprouvent ainsi la tendance à la concession du sujet.
S’il s’agit de la première étude relevant de tels préjugés dans les univers virtuels, une précédente étude avait déjà mis au jour des relans racistes envers la communauté asiatique, dans le célèbre jeu en ligne World of Warcraft. En 2006, Nicholas Yee, du site the “Daedalus project”, a recueilli de nombreux témoignages de joueurs, pour la plupart américains, méprisant les “chercheurs d’or” en majorité chinois. “Un bon gold farmer est un gold farmer mort”, rapporte par M. Yee, estimant que les Chinois font l’objet des mêmes dénigrements dans les univers en ligne, qu’au Etats-Unis, au XIXe siècle.
Laurent Checola
Crédits : Northwestern University; Nicholas Yee.