Parler de laïcité positive implique une échelle allant du plus au moins. Peut-on être plus ou moins laïc ? Ou la laïcité se définit-elle par une stricte neutralité, ni positive ni négative ?
On peut imaginer tous les degrés possibles de la tolérance. Que le catholique tolère le protestant mais pas le juif, ou le juif mais pas le musulman, ou qu’il tolère protestants, juifs et musulmans mais non l’athée. La plus large tolérance admet l’hétérodoxie et l’hérésie aussi bien que l’incroyance. Certaines sociétés sont ainsi plus tolérantes que d’autres. En est-il de même de la laïcité ?
Le mot laïc plaide pour une réponse négative : est laïc celui qui fait partie du peuple (laos en grec), c’est-à-dire le citoyen, abstraction faite de ses intimes convictions. En ce sens la laïcité est la forme générale de la citoyenneté, qui se définit non par l’appartenance à une communauté, mais par l’adhésion volontaire à un système de droit.
Le principe de laïcité tel que la République française le déclara jadis est donc à la fois l’affirmation que toutes les croyances possibles qui ne nuisent à personne sont admissibles et la négation de la prise en compte de telles croyances pour définir le citoyen. Dans un système laïc, musulmans et juifs ne sont ni plus ni moins citoyens que chrétiens et athées.
Il n’y a donc pas de degré : soit une république est laïque, et elle ne reconnaît aucun culte ni aucune confession ; soit elle favorise des croyances, ou la croyance par rapport à l’incroyance, et quoique tolérante elle cesse d’être laïque.
Voir la mise au point de Catherine Kintzler