Suite de notre série sur les faits marquants de cette rentrée 2008. Cette semaine, rencontre avec Laurent Cantet, le réalisateur d"Entre les murs", Palme d'or du dernier festival de Cannes.
Qu'avez vous voulu montrer dans ce long-métrage ?
Ce film n'a pas la prétention de montrer toute une année scolaire, nous avons opté pour des moments où il se passe quelque chose entre les élèves et les professeurs, où il existe des échanges heureux, tendus. La salle de classe devient ainsi un espace de réflexion, de démocratie.
Ce qui marque dans votre film, c'est l'immense solitude de François, le professeur...
Malgré une équipe éducative soudée, beaucoup de prof m'ont parlé de cette solitude. Elle me renvoie aux personnages de tous mes films. Le statut d'un prof est touchant, à part. C'est rare d'avoir un adulte minoritaire devant tant de jeunes. François est dans une position pédagogique où il utilise les mêmes armes que les élèves comme l'ironie; non pas pour se mettre à leur niveau mais pour se mettre dans une situation de communication. Par la suite, il va devoir changer sa stratégie.
Selon vous qu'est ce qui a séduit le jury cannois ?
Après notre passage dans un festival en Allemagne, nous avons remarqué que nos voisins nous envient et sont surpris par le collège unique. Je crois que ce qui plaît dans le film, c'est qu'il endosse la contradiction du système qu'il décrit.
Comment expliquer le choix de François Bégaudeau, lui-même auteur du roman dans le rôle principal ?
J'avais envie de mettre François en scène, c'est moi qui lui ai proposé. Je ne pouvais pas prendre un acteur car c'est un métier d'être face à 25 personnes. Y a une façon de poser sa voix. Je souhaitais que le film soit nourri de l'expertise de tous les gens qui le compose.
Propos recueillis par Carine Caussieu
Sur les écrans bordelais le 24 septembre.