Au centre des Sanctuaires de Lourdes, à l'étage au-dessus du musée des Miraculés, Patrick Theillier piaffe. Pardi, en cet après-midi pluvieux et frisquet sur Lourdes, il a bien l'intention d'aller voir Benoît XVI qui doit emprunter le chemin du jubilé. Patrick Theillier, 64 ans et Valenciennois de naissance, est un étrange médecin. À la tête du bureau médical, il n'ausculte que des gens guéris.
Depuis dix ans, Patrick Theillier reçoit chaque semaine des anciens malades arguant d'une guérison aussi subite qu'inexpliquée lors de leur passage lourdais (une cinquantaine de déclarations par an qui entraînent une dizaine d'enquêtes). "Ça m'impressionne toujours. J'ai eu la semaine dernière une femme aveugle qui a recouvré la vue. D'un certain côté, c'est extravagant, mais je suis bien obligé de les prendre en considération. La médecine est devenue modeste. On ne sait pas tout de la guérison."
Pour autant, la voie vers le statut de miraculé est un long chemin de croix. Depuis cent cinquante ans, sept mille cinq cents déclarations de guérison foudroyante ont été enregistrées au bureau médical. Seulement soixante-sept cas ont été reconnus comme miraculeux par l'Église. Auscultations, vérifications des dossiers médicaux, consultations de spécialistes de la maladie en question et, tous les ans,…