Ce qu’on pense contre l’église, si l’on ne le pense pas depuis l’Eglise, manque de tout intérêt.
La foi, c’est ce qui nous permet de nous égarer dans n’importe quelle idée, sans perdre de vue le chemin du retour.
Les partis libéraux ne comprennent jamais que le contraire du despotisme n’est pas la niaiserie, c’est l’autorité.
Les sociétés agonisantes luttent contre l’histoire en émettant des lois, comme les naufragés contre les eaux en poussant des cris. Brefs remous.
La sagesse, en ce siècle, consiste avant tout à savoir supporter la vulgarité sans se mettre en rage.
Aujourd’hui le riche vit sa richesse avec une avidité de pauvre enrichi et le pauvre sa pauvreté avec une rancœur de riche dépossédé.
La richesse a perdu ses vertus propres et la pauvreté les siennes.
L’individualisme moderne se réduit à faire passer pour personnelles et originales les opinions partagées par tout le monde.
Prendre le pauvre sous son aile a toujours été, en politique, le moyen le plus sûr de s’enrichir.
Quand les convoitises individuelles se rassemblent, nous avons pris l’habitude de les appeler nobles aspirations populaires
Le gauchiste hurle à la mort de la liberté quand ses victimes refusent de financer leur propre assassinat.
La dignité de l’homme réside en la soumission qui le libère.
L’authentique révolutionnaire se soulève pour abolir la société qu’il déteste, le révolutionnaire actuel se rebelle pour hériter d’une société qu’il envie.
Le prêchi-prêcha progressiste nous a pervertis à un tel point qu personne ne croit être celui qu’il est, mais celui qu’il n’a pas réussi à être.
La « culture » n’est pas tant la religion des athées que celle des incultes.
Mûrir ne consiste pas à renoncer à nos aspirations, mais à admettre que le monde n’est pas obligé d’y satisfaire.
Nicolas Gomez Davila, Les horreurs de la démocratie