Décryptages
16 mai 2007
"Attention: l'inflation pourrait arriver ! " Avertissement régulièrement lancé par les banquiers centraux. Pour nous préserver du fléau annoncé de la gigue des prix, ils augmentent régulièrement leurs taux directeurs. Jusqu'à quand? Jusqu'à avoir terrassé la monstrueuse inflation. Il faudrait peut-être les prévenir que la Bête est bien mal en point !En tout cas celle qui bave sur les étiquettes de la plupart des produits…La grande méchante, ravie de s'engraisser de virtuelles augmentations des salaires. Ses cousines cachées - lovées dans la valeur des coquets appartements ou dans le cours des actions - sont pour l'instant bien plus vaillantes.
Mais l'ennemie officielle a peu de chances d'échapper à sa cage ferrée. L'Office fédéral de la statistique prévoit une progression dérisoire de 0,4% de l'indice des prix à la consommation pour l'ensemble de l'année 2007. Bien en deçà du seuil officiel de la stabilité fixé à 2% par la Banque Nationale Suisse. A moins de 0,5%, on frise la déflation !
Dans L'Euroland, le monstre - combattu avec fermeté par la Banque centrale européenne - n'est guère plus vaillant. La hausse annualisée des prix n'a atteint que 1,8% en avril et devrait encore fléchir puisque la BCE prévoit de donner une nouvelle pichenette aux taux en juin; après avoir renoncé cette fois à pousser son taux directeur, fixé à 3,75% en mars.
Les prix semblent s'assagir même aux Etats-Unis, au point que la vigilante Réserve Fédérale a maintenu son principal taux à 5,25%. Histoire de ne pas augmenter la probabilité d'une récession dans le pays. Un scénario noir que le facétieux Alan Greenspan, l'ancien président de la FED, juge improbable à deux contre un.
Pas de quoi infléchir la rigueur de la Banque d'Angleterre: elle vient d'élever d'un quart de point son taux d'intérêt, pour le porter à 5,5%.
Les économistes des banques centrales auraient-ils des calculettes magiques, affichant en rouge les "anticipations inflationnistes"? Tandis que leurs collègues les verraient en orange pâle? A l'instar de Quentin Fitzimmons, Responsable des obligations d'Etat chez Threadneedle Investments, affirmant que le Génie de l'inflation est bien installé dans sa bouteille et ne devrait pas en sortir.
Reste qu'un autre Génie pourrait jaillir de la sienne et provoquer des dégâts sur les marchés: l'aversion au risque. Avec des prix moins sages qu'espéré; le malin esprit aurait tôt fait d'affoler des investisseurs assoupis.
Et si les Grands Argentiers criaient à l'inflation pour instiller régulièrement une dose de peur ? Utile pour éviter les euphories irrationnelles, prémisses de corrections brutales. "L'inflation ? Même pas peur ! "