Décryptages
26 avril 2007
Brady Dougan - l'homme qui succèdera bientôt à Oswald Grübel à la tête du groupe Credit Suisse - n'est pas seulement Américain. Il a construit la majeure partie de sa vie professionnelle en Asie. Tout comme Paul Catello: son remplaçant à la tête de la division banque d'affaires du deuxième groupe bancaire helvétique. Deux spécialistes de l'Asie accèdent ainsi à la direction générale. Signe de l'importance croissante de cette partie du monde dans la stratégie du Credit Suisse. Le nouveau patron affirme d'ailleurs que la région affichant le plus fort taux de croissance mondial est une des clés du développement futur de sa banque.
L'UBS pense de même: elle vient d'ouvrir un grand centre de formation à Singapour. La première banque mondiale de gestion de fortune privée escompte y entraîner quelque 5000 de ses spécialistes. Mieux: cette plateforme deviendra le modèle des futurs centres de la banque aux trois clés dans le reste de l'Asie.
Une région à laquelle tous les banquiers suisses ont plus d'une raison de faire les yeux doux. Le secret bancaire de Singapour - que personne ne s'avise pas pour l'instant d'attaquer - est très étanche. Surtout; en Asie, la croissance du nombre de clients potentiels de la gestion de fortune est particulièrement rapide. L'UBS estime que les avoirs liquides détenus par des personnes aisées de la région augmenteront de 9% par an d'ici à 2009; soit nettement plus que les de 6% de moyenne annuelle mondiale pour la croissance des fortunes. Pour l'heure, la banque aux trois clés se félicite déjà du doublement des fonds sous gestion de UBS's Wealth Management Business en Asie Pacifique entre 2004 à 2006; pour atteindre 151 milliards de francs… La grande banque helvétique n'hésitait pas à souligner dans l'un de ces derniers rapports de recherche que le centre de gravité de l'économie mondiale se déplace vers l'Asie. Une évolution qui na pas échappé à Julius Baer. Le groupe a lancé en décembre dernier ses nouvelles opérations de gestion de fortune privée à Singapour et a, depuis, déjà étoffé ses équipes.
La fortune attire la fortune. Or, dans cette course à la richesse, l'Asie a de bonnes chances de faire la course en tête ses prochaines années. Son insolente croissance économique soutient ses marchés boursiers, même si leur volatilité reste forte. La construction à venir de nombreuses infrastructures contribuera à la fois à doper le bénéfice des entreprises actives dans ce domaine et à créer des conditions favorables au développement des autres secteurs économiques. L'épargne privée va encore grandir dans nombre de ces pays encore qualifiés d' "émergents".