> Quelle est la légitimité de la french touch ?

On connait la France qui dégringole dans le classement des meilleurs puissances mondiales, la France qui se cache derrière son piteux taux de croissance et la France qui voit s'envoler ses plus grosses fortunes, pourtant c'est cette même France qui produit à la chaîne des dirigeants pour les plus hautes institutions européennes (BCE, Berd) et mondiales (OMC).

La french touch commence à faire grincer quelques dents, et notamment du côté de la CDU où le choix de Dominique Strauss-Kahn comme candidat des 27 ne passe pas très bien. Si la légitimité économique du candidat socialiste français ne fait pas débat, sa nationalité suscite quelques vives réactions dans les rangs du parti allemand. Beaucoup estiment que la France dirige suffisamment d'institutions. En Angleterre le ministre des Finances Alistair Darling a appelé publiquement à plus d'ouverture dans la désignation du prochain directeur du FMI, calmant ainsi les prétentions des européens en octobre prochain. De plus, hasard du calendrier, l'année prochaine la France présidera pour six moix l'Union européenne. "Du français à outrance !" diront les mauvaises langues.

Il y a cinq autres puissances économiques devant nous et pourtant nous raflons un nombre démesuré de postes clés. Le sex appeal et les compétences de ces heureuses personnalités françaises expliquent pour beaucoup ces choix, mais en continuant ainsi nous excluons une bonne partie des compétences disponibles en Europe et sur les autres continents. Des "DSK" existent un peu partout dans le monde. Roberto Lavagna, ancien ministre argentin des finances et candidat à la présidence de son pays, ne manque pas de nous le rappeler tout en s'en prenant à l'origine de cette surreprésentation française: les règles de désignations qui sont obsolètes.

Le fait qu'il n'y ait que cinq membres permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies choque énormément de français, peuple des droits de l'homme qui porte avec fierté et prétention l'égalité comme une valeur universelle, mais ce sont ces mêmes français qui applaudissent et saluent lorsqu'un des leurs est en bonne position pour poursuivre une tradition* qui nous prive des "autres" talents tout aussi légitimes. Nous tournons une nouvelle fois le dos aux pays qui se sont récemment développés et qui n'assistent qu'en simple spectateur au partage des directions des institutions mondiales. 

L'ouverture peut également se conjuguer au niveau international. A bon entendeur...

*traditionnellement le directeur du FMI est européen et celui de la Banque mondiale américain.