La Révolution en Charentaises, un site que je suis assez régulièrement, m'envoie aujourd'hui sa newletter. L'édito me fait
bondir. Il s'intitule "Le corps enseignant a vendu son âme… et pour pas cher" :
Combien ? Quelques heures sup : 2, 3… 4 au maximum, le tout défiscalisé bien sûr. Ceux qui se sont bien gavés du message démago de monsieur Sarkosy me demanderont peut-être où est le
mal à vouloir travailler plus pour gagner plus ? Regardez donc ce qui se passe à l’éducation nationale :
Le gouvernement a ouvert une brèche il y a deux ou trois ans, quand il a mis en place le remplacement ponctuel entre collègues pour supprimer les remplaçants … La méfiance fut d’abord de
rigueur, puis sur la base du volontariat, payé en HSE (heure supplémentaire effective, entre 35 et 40€ au tarif certifié et entre 50 et 60€ tarif agrégé), certains se sont laissés tentés et ont
commencé à courir après les sous… à remplacer n’importe qui pour n’importe quoi : prenant quelquefois des classes qu’ils n’avaient pas, pour surveiller des devoirs ( charge jusque là
maîtrisée par les surveillants) ou encore faisant des remplacements dans des matières que les élèves n’ont pas… tout est possible.
Devant un tel engouement pour les heures sup, dans des soucis d’augmentation du chômage, avec une bonne politique de droite, le gouvernement a réellement dégraissé le mammouth… certains en ont
parlé et d’autres le font : ils ont supprimé 11000 postes pour cette belle rentrée, ce qui a automatiquement pour effet d’augmenter les effectifs des classes évidemment (28 élève par les
classe de collège, 35 en seconde) et d’augmenter le nombre d’heures des profs (2 HSA (heure sup annuelle) par prof en moyenne + 1,2 millions d’HSE). Les heures étant défiscalisées (on le
rappelle pour ceux qui n’auraient pas entendu le matraquage médiatique ) une bonne partie des profs est volontaire … et cerise sur le gâteau, Sarkosy offre une prime de 500 euros aux profs qui
feront 3 heures sup annuelles pour récompenser ceux qui courent après les dollars.
Et qu’est-ce que ça change ?
Oh, presque rien… Certains courent après l’argent dans un métier où la motivation était autre il y a encore peu de temps, pendant que d’autres revendiquent encore le partage du temps de
travail. Car on rappelera que 6 heures sup, c’est un tiers de poste qui disparait. Se côtoient donc des profs à 23 ou 24 heures qui gagnent 2300 € par mois (pour un certifié) avec d’autres
enseignants à 18 heures et 1800€… c’est donc bien le statut du prof qui s’effrite par la même. On rappelera d’ailleurs que les heures sup sont évidemment accordées à telle où telle personne au
bon vouloir du principal, lui-même en concurrence avec le collège ou lycée voisin, puisque dorénavant, les parents choisissent l’établissement de leur enfant. Nous voici donc dans une éducation
nationale prête à être privatisée. "Qui veut des actions ENF (éducation nationale française) pas cher, bonne qualité ! " ou même par collège et lycée : "actions Louis-le-Grand à
vendre… mise en bourse 400 €, ou sinon lycée Edouard Hérriot à 15 €". On peut aussi imaginer un partenariat avec des privés, comme en Angleterre : "tu vas au collège Coca ou au collège
quick ? " Et pourquoi pas non plus une petite réforme, non pas sur le statut de tous les profs, mais simplement sur les nouveaux arrivants : " Ils pourraient faire 21 ou 22 heures par
semaine au lieu de 18… puisque certains peuvent déjà le faire… " ; "oui, au salaire de base évidemment " ou encore des remplacements ponctuels obligatoires pour tous … "payés ou
pas ?" … à l’appréciation du chef d’établissement en fonction des HSE qu’il aura à sa disposition.
Et qui descendra dans la rue ? Les profs aux 4 heures sup. ? les syndiqués (au moins 4 % de la profession) ? les contractuels qui bouchent les trous ? ou les assistants
d’éducation (nouveau nom pour surveillant) recrutés par le principal pour des contrats de 6 ou 10 mois pas toujours renouvelables ? J’ai bien peur qu’une bonne partie des profs ait mis les
doigts dans un engrenage dangeureux : un système où la motivation est l’argent et non plus la qualité des cours et l’accès au même savoir pour tous. Qu’on ne me fasse pas croire qu’on fait
24 heures de cours hebdomadaires comme on en fait 18. Et où sont passées les valeurs de gauche comme l’égalité et le partage du travail ?
Pour le révolutionnaire en charentaise made in Education Nationale, je tiens à rappeler qu’on peut toujours se battre à son échelle en refusant par exemple de faire des heures sup, surtout si
on arrive à convaincre les collègue de sa discpline. Car je rappelle que seule une HSA peut vous être imposée … au-delà, il faut votre accord. Si vous aimez votre travail, partagez-le avec des
collègues !
Si j'en parle ici, c'est que les commentaires n'ont pas l'air de fonctionner. Et que je veux réagir.
Je suis partagée entre deux réactions : la première est la révolte. Non, non et non, les profs n'ont pas cédé, ils ont refusé les heures sup, ils ont lutté contre les postes partagés, contre les
suppressions de postes...L'année dernière, les mouvements de grèves ont été longs et forts. Quoi qu'en dise le président, la grève était visible. Même si les médias n'ont pas été au côté des
enseignants...
Ma deuxième réaction, c'est l'abattement : oui, en effet, le constat est juste. Je connais des collègues qui ont cédé à l'appel du fric. J'ai des collègues qui ont des emprunts à rembourser, j'ai
des collègues qui ont du mal à joindre les deux bouts, qui ont des gamins à élever. Et j'ai aussi des collègues qui s'en mettent plein les poches et qui bâclent des cours pour ça...
Je crois que les choses sont un tout petit peu plus complexe : le métier de prof n'est pas assez rémunéré. Un peu de beurre dans les épinards ne fait pas de mal. Surtout par les temps qui
courent. Mais dans le fond, les profs sont consciencieux, ils sont là en général pour les élèves. Il y a des moutons boiteux, mais dans le fond, ce n'est pas la majorité, je veux le croire...
Pour ma part, j'ai refusé les heures sup au delà de l'heure obligatoire, j'ai été voir l'IA et j'ai fait grève pour récupérer des heures pour mon établissement. J'ai tout fait pour éviter les
postes partagés. Et j'ai des collègues qui ont fait pareil. Mais il est difficile de lutter face au mépris et à la dépréciation permanente du métier...
A ce propos, avez-vous entendu le discours décomplexé de Ferry, face aux réductions de budget dans l'EN, par rapport aux
RASED en primaire, notamment ? C'est à pleurer...
CC
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Blogs de meufs
désormais, à l'instar d'Olympe, afin que les blogs de filles progressent dans les classements des blogs influents je mettrai à la
fin de chaque billet un lien vers 2 ou 3 blogs. Si vous voulez que je mette le votre faites moi le savoir. Ellie, Plume.
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LES COMMENTAIRES (3)
posté le 01 avril à 21:40
je trouve que arrivée en fin de lecture (et j'ai fait un gros effort) je tombe sur une pub pour Acadomia et Anacours c'est à hurler de rire
posté le 12 octobre à 21:54
Je viens de lire ton article... La situation que tu décris est vraie (baisse du nombre de postes, donc augmentation du volet d'heures sup'). Cependant, je trouve assez malhonnête de parler autant des profs qui profitent du système... Car ils sont hyper-minoritaires. Dans mon lycée (de l'académie de Lyon), nous ne sommes pas assez nombreux en maths. Nous avions dans un premier temps refusé les heures sup' (avec de créer un bloc d'heures provisoire, et ainsi pouvoir faire venir un vacataire). Le proviseur l'a refusé, on a dû changer notre répartition (on fait tous une ou deux heures sup' maxi en plus).
À la rentrée, un prof ne s'est pas présenté, une classe de seconde n'a pas de prof de maths.
Qu'aurais-tu fait ? On a refusé de le remplacer (matériellement, on aurait seulement pu faire un roulement entre nous, mais pédagogiquement, ce n'est pas une solution). Donc les élèves n'ont pas eu de prof pendant un mois !
Autre chose, concernant les heures sup', n'y voit pas que l'argent, l'argent... Pour ma part, je fais deux heures par semaine d'interrogation en classe prépa. Ce genre d'heures ne peuvent pas être incluses dans le service, et je suis dans un endroit où le niveau est très faible. J'avais aussi envie de voir autre chose, d'entretenir mon niveau en maths - on peut vite tomber dans la routine...
Dernière chose, un élève d'un autre lycée ne peut plus aller en classe, il reste chez lui. On a proposé que quelqu'un vienne chez lui pour le faire travailler (c'est payé en heures sup' donc).
Malgré mes heures sup', j'ai accepté. J'ai hésité, car ma semaine était chargée, mais je ne pense pas que l'on aurait trouvé quelqu'un (c'est une zone un peu isolée). J'ai vu que cet élève (qui doit réintégrer la classe en janvier) était demandeur...
Bref, je suis d'accord avec toi que le système des heures sup' est pervers. Mais dans l'ensemble, l'IMMENSE majorité les refusent. Mais on a pas le choix : actuellement, des classes se trouvent sans prof.
Seule responsable : la politique actuelle de réduction de postes. D'ailleurs la prime de 500 € pour trois heures sup' est inadmissible, je te rejoins.
Je vous laisse, avec mes 5 heures sup' (soit 20 heures par semaine devant élèves), je ne peux pas passer mon temps sur les forums :-)
posté le 16 septembre à 18:18
Mieux vaut en rire non ? Enfin nous, c'est ce que l'on a choisi de faire... La preuve en musique :
http://leszrofs.blogspot.com