La laïcité n'a pas besoin d'adjectif

Publié le 14 septembre 2008 par Gezale
François Hollande et François Bayrou ont raison. La Laïcité n'a pas besoin d'adjectif. Ni « positive » ni « ouverte », la laïcité est un principe républicain qui, depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905, perdure pour le plus grand bonheur des Français, croyants ou non croyants.
On nous rapporte qu'à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy, en recevant le pape à Paris, y est allé de son « très saint père ». Cécile Duflot, responsable nationale des Verts, commente : « le président a personnellement le droit d'avoir les convictions qu'il veut, les formules qu'il veut, mais comme Président de la République, il doit veiller à représenter tous les Français. »
La visite du pape en France n'a en soi, rien de choquant. Une majorité de nos concitoyens se déclarent catholiques (même si peu pratiquent) et notre histoire est le fruit, notamment, des rapports entre l'église et l'Etat. Le pape est un chef d'Etat (le Vatican) et les relations d'Etat à Etat sont plutôt conseillées. Mais le chef d'un Etat religieux n'est pas n'importe qui surtout quand il s'agit de l'ancien responsable de la congrégation pour la doctrine de la foi, qu'il fait preuve d'un rigorisme théologique scrupuleux, qu'il veut récupérer les ouailles de l'intégriste Lefebvre et exclut toute révision des positions de l'Eglise romaine sur le mariage des prêtres, l'usage du préservatif et, bien sûr, sur l'interruption volontaire de grossesse.
Ce qui nous intéresse, comme citoyen, c'est l'attitude de Nicolas Sarkozy et les mots qu'il emploie. En affirmant comme il le fit au Latran, il y a quelques mois que la transmission des valeurs assurée par les curés passaient avant celles des instituteurs, il a commis une faute lourde qui ne manque pas de lui être régulièrement reprochée. Dans la France de 2008, le rôle des enseignants dans la transmission des savoirs et d'une morale laïque sans préférence religieuse est fondamental. Comme le disait Tony Blair au début de son action de premier ministre : « j'ai trois priorités : éducation, éducation, éducation. »
Quand Benoit XVI va à Lourdes, il fait son travail de pape. Il est dans son rôle. Quand il veut recruter des prêtres et des pratiquants, idem. Le président de la République doit demeurer au-dessus des préférences religieuses, même s'il en a.