O mathématiques sévères… Pour 509 emplois directs menacés, seulement 600 personnes ont manifesté à Niort ce samedi contre le nouveau plan de licenciements qui frappe la CAMIF, la vieille coopérative d’achats implantée dans le paysage niortais depuis 60 ans . Je me suis joint à ce cortège qui s’ébranla après le cheval municipal et sa carriole dont c’était le premier jour de service, une chouette innovation de la nouvelle municipalité, tous derrière, tous derrière et lui devant. En tête de la manif’ des drapeaux CGT, FO, CFTC, FSU et même PS (mais pas CFDT) ainsi que Ségolène Royal, présidente de Région, Delphine Batho, députée et Geneviève Gaillard, députée et maire de Niort. Plus tout un fretin d’élus municipaux. Un haut-parleur crachotait des slogans de circonstance. Dans la rue désormais piétonne le samedi, les passants passaient indifférents.
Dans les esprits en effet, l’affaire semble entendue : la CAMIF aurait fait son temps. Mélange de confort style classe moyenne intello, de bon rapport qualité/ prix pour des produits choisis selon de rigoureux critères consuméristes, le « look Camif » semble ringardisé au placard des souvenirs. Fini le temps des repas de famille, où l’on refilait aux cousins le n° de sociétaire comme un précieux sésame ouvrant les portes d’un temple où l’on trouvait des conseillers et pas des vendeurs pour guider vers le meilleur achat avec un super SAV. Fini ou presque, les haltes rituelles des enseignants en caravanes sur le parking du magasin de Chauray, à la saison des vacances. La concurrence est devenue féroce, la clientèle des enseignants n’est plus aussi captive ni aussi militante que naguère, les erreurs stratégiques ou l’incompétence des dirigeants successifs ont plombé les comptes, les temps ont changé…
Dans ce petit cortège, pourtant, on ne voulait pas se résigner à la fatalité. Sur le parvis de l’Hôtel de ville, les délégués syndicaux prononcèrent des discours de résistance qui sonnèrent comme autant d’actes de foi : « Nous avons besoin les uns des autres ». Puis les politiques montèrent au micro. D’abord Ségolène Royal, plus que jamais sur le terrain dans sa région en ce moment, a parlé dans son style habituel de « lever le tabou » et de « briser la loi du silence, car avant que la Région intervienne, je veux savoir avec quel paquet d’argent les dirigeants sont partis.(…) Il faut recentrer l’activité sur des produits qui ont une clientèle, sur des filières rentables comme la construction écologique ou le commerce équitable. Je pense que toutes les solutions n’ont pas été examinées. Le pôle de compétitivité économique et écologique de la Région est prêt à se mobiliser… ». Geneviève Gaillard lui succéda pour exprimer sa solidarité et celle de la municipalité : « Nous nous sommes battues bec et ongles, Delphine et moi, à l’Assemblée nationale… », etc, etc… Finement, Delphine Batho déclina ensuite l’invitation à faire chorus dans les propos incantatoires ou de circonstance. La messe était dite, on replia les drapeaux et ce fut tout.