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Collectionner, le luxe du rare, du trop, de l’inutile

Publié le 13 septembre 2008 par Thomas Ka

La collection est une manie humaine. Peut-être peut-on la déclarer comme un des traits qui appartient à l’humanité.

Aucun animal ne s’adonne à cette passion inutile qui fait appel à nos sombres envies de l’accaparement, à nos plaisirs de la contemplation, à notre capacité à accumuler connaissances et détails autour d’un thème.

Que se passe-t-il donc dans la tête de ce collectionneur capable d’accumuler les objets, les peintures, les masques africains, les voitures de collection ; ou comme ce fut mon cas, les machines à écrire, les silex taillés, les timbres, les livres, et maintenant les tableaux africains…  Les psychologues, les sociologues, les humanistes, les chroniqueurs… tous se sont penchés sur cet être étrange qu’est le collectionneur : vous, nous, moi.

Pourquoi un tel préambule ? Pour vous indiquer qu’Artcurial, maison de ventes volontaires, héberge dans un recoin de son site Internet un espace dédié à des soirées, faites de conférences et débats, dénommées “Artcurial Studies“.

Si le programme n’est pas encore connu pour cette rentrée 2008, nous pouvons plonger avec plaisir dans les archives des débats, notamment un point de Gérard Wajcman, psychanalyste sur le Désir de collectionner.

En notre époque de zapping et d’hystérie puérile de la nouveauté, voici un avant-goût de cette analyse (pour les plus impatients) : être collectionneur, est-ce grave ? Je dois à la vérité que, dans les rencontres que j’ai faites avec des collectionneurs, en particulier lors de la préparation de l’exposition L’Intime, le collectionneur derrière la porte, à La Maison rouge, à Paris, je n’en ai jamais rencontré un seul qui me confie, ou simplement témoigne de la souffrance que serait pour lui de collectionner. La seule vraie souffrance du collectionneur, c’est que, pour une raison ou une autre, il soit empêché de collectionner. Passion exigeante, obsession, addiction, certainement, mais tous ceux que je connais témoigneraient plutôt d’une obsession obstinée et d’une addiction allègre.
Le collectionneur est un consumateur solaire. Au revers d’une économie de la thésaurisation, de la consommation, de la distribution, du partage, qui est notre économie, s’ordonne une économie autre, une économie de la dépense. C’est celle du collectionneur. Alors, on retrouve ainsi chez les collectionneurs, à certains égards, cette dimension de la magnificence qui faisait vertu à la Renaissance.

A lire aussi ce post (http://collectifartzoom.blogspot.com/2008/04/les-collectionneurs.html)


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