Je vous ai parlé de Khadija. Je l'ai eu pour sa dernière séance avant l'interruption des vacances. Elle a terminé ces examens de faculté de médecine avec succès, mais continue à se plaindre de son manque de motivation, de plaisir ; de ses fatigues dès le réveil et de sa sensation de vide à l'intérieur d'elle qui l'obligent à se forcer afin de réaliser les tâches de la journée.
Pour stimuler ses reins et pour faire en sorte qu'elle se remplisse de l'expression de son être, je lui ai demandé de prendre le djmenbé, de ressentir ses pulsations cardiaques et de les frapper sur la peau. Après quelques minutes, les yeux fermés, elle s'est mise à jouer un rythme assez soutenu et avec une force étonnante venant de sa part (cette étape était prévu mais qu'une fois la mise en place de la pulsation de base). J'ai hésité à lui repréciser la consigne de départ puis je l'ai laissé faire, étant donné l'expression spontanée dont elle faisait part. J'ai alors pris la darbouka et me suis mise à l'accompagner en frappant sa pulsation. Nous avons joué un long moment ainsi et khadija, complètement néophite en musique, se comportait en vrai percussionniste en jouant des rythmes normalement compliqués techniquement et surtout en faisant des changements rythmiques tout en gardant la pulsation de base. Je la sentais pour une fois complètement lâcher prise, au bord de la transe. Elle était assise sur le djembé et s'y balançait en rythme tout en transpirant à grosses gouttes.
N'ayant jusqu'alors jamais réussi à lui faire sortir sa voix, je lui demande de laisser émerger la mélodie sucsitée par ce duo ryhtmique en utilisant des voyelles ou des onomatopées.
A ma grande surprise il ne lui faut pas longtemps pour faire entendre sa voix et...quelle étonnement !!!!!!! La tonique de son improvisation était la même que celle que je chantais intérieurement depuis un petit moment !
Durant ce "boeuf thérapeutique", le "face à face des coeurs" à eu lieu. Nous nous sommes ouvertes au même canal de communication ; nous nous sommes branchées sur la même longueur d'onde ; nous parlions alors le même langage...celui de la vérité.
Je me suis alors rendu compte de la différence qu'il peut y avoir entre quelque chose de forcé, de faux, de culturellement recherché et la Vérité. Elle est la même pour tous au moment où on la vit ensemble. Lorsque communion, empathie, il y a, l'expression de la vérité devient unique et nous rentrons alors naturellement dans une symbiose sonore qui nous fait vibrer à la même fréquence.
Khadija a elle même exprimé à la fin de la séance ce pur bonheur qu'elle venait de vivre, et l'étonnement qu'elle avait ressentie face à l'expression de cette force intérieur dont elle ne pouvait imaginer la puissance. "Je m'y suis retrouvée, j'y étais moi-même. J'ai vraiment vécu quelque chose de magique" a-t-elle ajouté.