Ni ouverte, ni positive, la laïcité est entière ou elle n'est pas

Publié le 12 septembre 2008 par Juan

En arrivant sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, près de Paris, Benoît XIV, une riche croix en or qui faisait "bling bling" sur sa poitrine de blanc vêtue, était accueilli par Nicolas Sarkozy et son épouse. Chacun s'est livré à des conseils en laïcité, en France, l'un des pays inventeurs du concept.
Benoît XIV était dans son rôle de chef de l'Eglise catholique. Paradoxalement, à côté du Président français, il paraissait presque modéré. C'est lui qui dénonce l'antisémitisme: "L’Eglise s’élève contre toute forme d’antisémitisme dont aucune justification théologique n’est recevable" (...) «Je ne peux omettre, en une occasion comme celle-ci, de mentionner le rôle éminent joué par les Juifs de France pour l’édification de la Nation tout entière, et leur prestigieuse contribution à son patrimoine spirituel». Il était tout aussi normal, dans a position, de l'entendre revaloriser le rôle de l'Eglise qu'il dirige. C'est son "job" : "une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l'importance de la laïcité est devenue nécessaire". il a même reconnu que tout allait pour le mieux de ce point de vue là: "L'Église en France jouit actuellement d'un régime de liberté. La méfiance du passé s'est transformée peu à peu en un dialogue serein et positif, qui se consolide toujours plus"
Nicolas Sarkozy est sorti de son rôle de Président de la République. Il a réaffirmé un concept absurde: la laïcité positive. Une idée qui suppose que la laïcité est par nature négative (sinon, pourquoi la qualifier ?). Or cette dernière inventée en France, puis sanctuarisée par la loi de 105 de séparation de l'Eglise et de l'Etat, est tout le contraire. La laïcité promeut simplement la neutralité des croyances et incroyances individuelles dans la vie publique et citoyenne. Nicolas Sarkozy, président en exercice, réclame de l'indulgence à l'égard des religions, notamment chrétiennes, là où son fonction exige de lui la plus stricte neutralité.
"Ce serait une folie de nous en priver (des religions, ndlr), tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée. C'est pourquoi j'en appelle à une laïcité positive" (...) "Les religions, et notamment la religion chrétienne avec laquelle nous partageons une longue histoire, sont des patrimoines vivants de réflexion et de pensée, pas seulement sur Dieu, mais aussi sur l'Homme, sur la société, et même sur cette préoccupation aujourd'hui centrale qu'est la nature et la défense de l'environnement"" (...) "La laïcité positive, la laïcité ouverte, c'est une invitation au dialogue, à la tolérance et au respect. C'est une chance, un souffle, une dimension supplémentaire donnée au débat public" (...) "Nos sociétés ont besoin de respect, de dialogue et de tolérance" (...)
"Nous ne mettons personne devant l'autre, mais nous assumons nos racines chrétiennes. Nous travaillons pour la paix, nous ne voulons pas d'une reprise des guerres de religion" (...) "J'ai souvent eu l'occasion de parler des racines chrétiennes de la France. Ca ne nous empêche pas de tout faire pour que nos compatriotes musulmans puissent vivre leur religion à égalité avec toutes les autres"