(Re)découvrons l'amphithéâtre de Poitiers.

Publié le 13 septembre 2008 par Vianney

Alors que le Théâtre Auditorium de Poitiers et son architecture contemporaine viennent d'être inaugurés, nous sommes invités, dans le cadre des 25ème journées du patrimoine à (re)découvrir un des éléments majeur de notre patrimoine passé : l'amphithéâtre antique.

Ce monument qui révèle la grandeur de la cité antique et du peuple qui l'habitait (1) peut donner une haute idée de la population de la ville de Poitiers et de l'importance qu'elle devait avoir sous les Romains (2)
Cet édifice grandiose, construit au premier siècle de notre ère, est l'un des rares vestiges qui témoignent du vaste programme d'urbanisme de l'époque romaine à Poitiers.
De forme elliptique, l'amphithéâtre de Limonum atteignait 155,80 mètres de long et 130,50 mètres de large, il fut l'un des plus grands de Gaule (plus important que Bordeaux ou Nîmes par exemple) et pouvait accueillir 30 000 personnes. Ainsi, il y a un siècle et demi, au cœur du centre ville de Poitiers, se trouvait l'une des plus grandes arènes de France.
Décor trouvé à Poitiers dans une tombe du 1er siècle, gladiateurs et course de char.
Au fil des siècles cet édifice fut bien maltraité. Au Moyen-Age, des maisons ont été construites sur le bâtiment, en réutilisant ses matériaux et dès le XVe siècle il est dit "réduit en masures". A cette époque, Raoul du Fou, l'abbé de Nouaillé, fit l'acquisition de l'amphithéâtre (3) puis les céda à l'hôpital de Poitiers.
Quatre siècles plus tard, en 1841, on peut lire dans les "Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest" que : les hôpitaux de Poitiers sont encore aujourd'hui propriétaires des arènes, qu'ils ont données à bail emphytéotique à divers particuliers; cette concession, plus que les ravages du temps, a causé de grandes dégradations à cet amphithéâtre, l'un des plus vastes dont les Romains aient chargé le sol des Gaules, et depuis moins de vingt ans on a détruit plusieurs loges supérieures pour y substituer d'ignoble maçonnerie.

Ci dessus, une vue de la fin du XVIIe siècle (aquarelle de Gaignères, Bibliothèque Nationale) montre les dégradations subies par l'amphithéâtre depuis l'antiquité. Les voûtes rayonnantes qui soutenaient la cavea sont encore bien visibles, mais les gradins et les autres éléments constituant l'édifice ont disparu.
En 1857 les élus estimant que la présence des ruines de l'amphithéâtre favorisait le développement d'activités condamnables, tel le vol ou la prostitution, décidèrent de leur démolition "systématique" pour laisser place à un marché couvert et à des immeubles d'habitations.

Aujourd'hui

Cet amphithéâtre a laissé des traces visibles. Tout d'abord il a marqué de son empreinte la topographie du quartier Magenta. L'urbanisation s'est faite autour de cet édifice grandiose. Il suffit de circuler dans les rues Bourcani, du Petit-Bonneveaux ou des Arènes pour s'en rendre compte, le mieux étant de prendre de l'altitude. La rue Magenta matérialise le grand axe (nord-sud) de l'édifice, on voit clairement les rue Bourcani, du Petit-Bonneveaux et des Arènes reprendrent la forme ovale du bâtiment alors que les rues du Maréchal-Foch, et Alsace-Lorraine percées au XIXe siècle convergent vers son centre présumé. Au nord, la présence de maisons accolées au mur d'enceinte de l'amphithéâtre a déterminé le dessin des rues Carnot (la courbe des façades en face du parking) et Rabelais.

Des vestiges de l'amphithéâtre de l'antique Lemonum sont bien visibles rue Bourcani. On y trouve notamment une entrée voûtée, une voûte radiale qui supportait la cavea de l'édifice. Les voûtes qui soutenaient les gradins, aujourd'hui tous disparus, venaient s'appuyer sur des murs rayonnant qui délimitaient 64 travées.

Demain

Cette année, à l'occasion des 25èmes journées européennes du patrimoine, l'amphithéâtre de Poitiers est à l'honneur. Téléchargez le programme complet pour la CAP.

  • visites guidées du quartier de l'amphithéâtre, rdv devant le n°6 de la rue Bourcani. Samedi 20 septembre à 11h, 14h, 17h. Dimanche 21 à 10h, 11h, 14h, 17h.
  • Conférence de Jean-Claude Golvin et Jean Hiernard, le samedi 20 septembre à 20h à l'auditorium du musée Sainte-Croix, 3, rue Jean Jaurès.
  • Depuis quelques jours déjà on peut admirer une sérigraphie (ci dessus) de 20m x 7.80m sur la façade du parking Carnot..
  • "Arènes sonores", une création de Christina Kubisch, diffusion parking et rue Carnot samedi et dimanche à 14h, 15h, 16h, 17h, 18h, et 19h précises.

Quelques lectures sur le net au sujet de cet amphithéâtre :

"Bibliothèque historique, et critique du Poitou" Jean François Dreux du Radier, 1754.

M. Mangon de la Lande, Président de la Société des Antiquaires de l’Ouest, nous livre en 1837 sa réflexion sur les Arènes de Poitiers.

Les "Mémoires et dissertations sur les antiquités nationales et étrangères" de la Société royale des antiquaires de France, Société nationale des antiquaires de France, 1838.

Le "Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers" , 1838.

Les "Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest" en 1841.

"France: Dictionnaire encyclopédique" de Philippe Le Bas, en 1841.

Le "Bulletin monumental" de la Société française d'archéologie, 1843.

Un petit survol avec google maps ?


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