Rentrée littéraire, fatras et fourbis

Publié le 13 septembre 2008 par Cetaitdemainorg
Voici cette page de lucidité écrite par Irvin D. Yalom dans Mensonges sur le divan à propos des encombrements littéraires : " Au bout de quelques minutes, Ernest fut rattrapé par son blues des librairies. Partout, en effet, des livres étaient posés sur de longues tables, suppliant qu'on les regarde un seul instant, exposant sans la moindre vergogne leurs chatoyantes couvertures vertes ou rouge magenta, entassés au sol en attendant d'être mis en rayon, débordant sur les tables, tombant par terre. Contre le mur du fond, de grandes piles d'invendus attendaient tristement d'être envoyés au pilon. A côté d'eux se trouvaient des cartons encore fermés : c'étaient les livres qui venaient d'arriver, pressés de connaître, eux aussi, leur heure de gloire. Ernest eut une pensée émue pour son dernier né. Quelles étaient ses chances, pauvre esprit fragile nageant pour sa survie dans cet océan de livres ? Il entra dans la salle de lecture, où quinze rangées de chaises en métal avaient été installées. Son livre, Le deuil : faits, lubies et mensonges, était bien en évidence ; près de l'estrade, plusieurs piles, peut-être une soixantaine de livres en tout, attendaient d'être signés et achetés. Mais quel avenir pour son livre ? Dans deux mois, dans trois mois ? Et dans six mois ? Disparu ! Envolé ! Uniquement disponible sur commande ; livraison : entre trois et quatre semaine. Ernest comprit qu'aucune librairie n'était assez vaste pour exposer tous les livres, y compris les meilleurs". Si vous aimez les méandres opaques des pratiques psychanalytiques aux Etats-Unis, lisez le livre de Yalom qui lui n'est pas passé à la trappe de l'oubli.