Sanader : Nous extraderons les fugitifs
Le Gouvernement a chargé le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères de lancer une initiative dans tous les pays d'Europe du Sud-est en vue de modifier les constitutions de ces pays de manière à permettre l'extradition mutuelle des personnes.
Zagreb - La Croatie est prête à extrader ses propres ressortissants en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro.
C'est ainsi que l'on pourrait comprendre l'initiative prise hier par le Gouvernement de "lancer une initiative dans tous les pays d'Europe du Sud-est en vue de modifier les constitutions de ces pays afin de permettre l'extradition mutuelle des personnes."
La citoyenneté comme bouclier
- La Croatie doit de toutes façons préparer des amendements à la Constitution en raison de l'entrée dans l'UE, et créer les préalables pour appliquer le mandat d'arrêt européen qui a valeur parmi tous les pays membres de l'UE - déclare la ministre de la Justice Ana Lovrin, tout en ajoutant que dans la lancée serait également résolu le problème au niveau des pays de la région.
- Depuis tout un temps, il existe des initiatives des pays environnants sur d'éventuels amendements aux constitutions de tous les pays qui seraient modifiées simultanément - déclare Lovrin. Même si le président Mesic avait participé avant-hier à la réunion régulière avec le Premier ministre Sanader et avec le président du Parlement Luka Bebic, il n'est pas informé de cette initiative.
- Le président appuie en principe cette idée, mais il ne peut rien dire de plus car il n'est pas informé de l'initiative - nous a-t-il été dit depuis le Bureau du président.
L'expert en droit, Ivo Josipovic, estime que c'est une bonne initiative si elle est dans le sillage du mandat d'arrêt européen, qui sous-entend l'extradition des propres ressortissants et relève exclusivement de la compétence de la justice.
En entrant dans l'Europe nous aurons l'obligation d'appliquer le mandat d'arrêt européen, et la question est de savoir s'il est censé et nécessaire d'avoir d'autres relations avec les pays tiers. J'estime que la citoyenneté ne doit pas servir de bouclier à la criminalité - déclare Josipovic.
"Nous avons peu de chance de succès"
Vesna Pusic estime en revanche que derrière la décision du Gouvernement figurent des motifs de politique journalière sans perspective d'aboutir.
- L'idée de base est de montrer à Bruxelles que nous faisons mine de remédier au fait que le Dr Simic* s'est enfui en Bosnie-Herzégovine. Tout simplement, un assainissement des dégâts. Naturellement cela ne sera pas accepté. On voit mal que quelqu'un dans la région modifie sa propre Constitution sur initiative de la Croatie.
Tentez d'imaginer la situation inverse, est-ce que la Croatie sur une initiative de la Bosnie-Herzégovine ou de la Serbie changerait sa propre constitution ?! - déclare Pusic. La présidente du Comité national pour le suivi des négociations avertit que la Croatie lorsqu'il s'agit de la justice devrait définitivement devenir sérieuse.
Djurdja Adlesic, la vice-Premier ministre et chef du Parti social libéral croate (HSLS), dans la coalition, soutient l'intention du Gouvernement de lancer une initiative pour que soient amendées les constitutions dans les pays d'Europe du Sud-est, car le tout dernier exemple en date avec le Dr Simic montre que cela nous est nécessaire.
La Croatie y était opposée
- La Croatie est prête à suivre les standards de l'Union européenne et nous nous attendons à ce que suivent notre exemple les pays du Sud-est de l'Europe - indique Adlesic.
Cela fait plusieurs années déjà, depuis que la fin des travaux du Tribunal de La Haye est en préparation, que la Croatie se voit pressée par la communauté internationale de parvenir avec la Bosnie-Herzégovine et la Serbie à un accord sur l'extradition mutuelle des personnes accusées de crimes de guerre.
La Bosnie-Herzégovine y est particulièrement intéressée, car dans ce pays jusqu'à 16.000 personnes font l'objet d'une enquête pour crimes de guerre. Etant donné qu'une bonne partie de ces personnes possède la double nationalité, elles évitent les poursuites pénales en se réfugiant en Croatie et en Serbie. Jusqu'à présent la Croatie s'était opposée à cette idée.
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* Ognjen Simic : Un chirurgien cardiologue de Rijeka condamné à neuf ans de prison en Croatie pour avoir accepté des pots-de-vin. A la veille du jugement il s'est enfui à Sarajevo où ils ne peuvent l'extrader car il possède également la nationalité bosno-herzégovinienne.
Source : Jutarnji list, le 13 septembre 2008.