Juste quelques mots pour vous partager un moment de vie qui m'a touchée beaucoup cette semaine (je reviendrai dans les jours à venir pour vous parler plus
longuement de ma lecture de Zéro Limite).
Je suis partie à Montréal vendredi dernier pour participer au Salon du cadeau à la Place Bonaventure pour présenter les produits de la
compagnie pour laquelle je travaille.
J'ai eu la chance de pouvoir échanger mon appartement à Québec contre celui d'un couple d'amis de Montréal qui avaient envie de venir passer quelques jours de
vacances dans mon coin. Ayant vécu huit ans à Montréal, je connais bien la ville et son trafic. J'ai donc décidé de prendre le métro pour me rendre au Salon lundi et mardi dernier.
En arrivant à la station de métro, mardi matin vers 8h00, je vois des voitures de police, toutes lumières clignotantes, stationnées devant la station.
Je me suis dit qu'il avait dû (encore, car c'est relativement courant) se passer quelque chose dans le métro.
Je me suis arrêtée pour discuter avec le camelot qui distribuait les journaux du matin à l'entrée et elle m'a décrit, avec détails, qu'un homme avait tenté de se
suicider, que les ambulanciers venaient de l'emmener. Ils avaient aussi emmené le chauffeur de métro, sous le choc évidemment. J'ai pris le journal et, tout en descendant les escaliers jusque
sous terre, j'ai écouté comment je me sentais.
Penser qu'un homme venait de sortir, quelques minutes plus tôt, sur une civière après une tentative de suicide sous le métro pouvait être dérangeant, voire
traumatisant. J'ai décidé de simplement lui envoyer de la belle énergie en répétant maintes fois «Je t'aime» à cet être malheureux au point de vouloir en finir avec la vie.
Naturellement, avec une telle situation, le métro avait dû être arrêté assez longtemps, retardant tout le monde et entassant tous les voyageurs sur les quais J'ai
dû attendre la 3e rame de métro avant de pouvoir enfin me rendre au travail, tout en étant «cordée» au milieu de centaines de passagers, tous calmes cependant.
Au fur et à mesure des stations de métro, certains descendaient alors que d'autres embarquaient, faisant bouger toutes les personnes debout. C'est ainsi que je me
suis retrouvée à côté d'un petit monsieur noir aux cheveux gris.
L'ambiance dans le métro est drabe. Presque tout le monde est seul et personne ne se parle. J'avais envie de profiter de cet espace pour engager la conversation
avec quelqu'un. C'est ainsi que je me suis adressée au petit monsieur :
- On est coincés !
- Oh oui ! m'a-t-il répondu. Ils ont eu un incident dans le métro quelque part, semble-t-il ?
Manifestemment, le petit monsieur ne savait pas ce qui s'était passé.
- Oui, justement quand j'arrivais à Crémazie, ils venaient de sortir un monsieur qui avait tenté de se suicider.
- Oh, c'est triste...
- Oui, ce n'est pas gai d'apprendre une telle nouvelle.
- J'espère que celle-ci ne vous empêchera pas de passer une belle journée quand même ? m'a-t-il demandé, l'air inquiet.
- Oh non, lui ai-je répondu en souriant. Tout ce qu'on peut faire, c'est lui envoyer de l'amour...
Cette dernière phrase m'est sortie toute seule. J'ai craint (un tout petit peu mais j'ai tout de suite lâché prise) d'être prise pour une cinglée, comme ça m'arrive
parfois quand je suis avec du monde peu ouvert à la Vie. Le petit monsieur m'a répondu, avec un sourire de compassion :
- Oh oui, c'est tout ce qu'on peut faire pour lui.
Je suis restée bouche bée mais tellement heureuse et profondément touchée d'avoir partagé avec ce monsieur et d'avoir senti qu'on parlait le même langage, celui du
coeur.
Au moment de descendre du métro, le petit monsieur et moi nous sommes dits, en même temps :
- Passez une belle journée !
En arrivant au Salon, ma voisine de kiosque, épouse d'un contrôleur du métro de Montréal, était déjà au courant : l'homme avait tenté de se suicider et avait
réussi.
Tout au long de la journée, j'ai continué à envoyer des «Je t'aime» dans l'Univers en pensant à cet homme parti pour un nouveau voyage et au chauffeur de métro qui
n'a pas pu freiner à temps...
J'ai passé une belle journée. Le seul fait d'envoyer de l'amour m'a permise de me dégager d'éventuelles pensées négatives au sujet de cette situation triste tout en
sentant un espace d'amour et de paix autour de moi.
mm