Le Pape sous mes fenêtres

Publié le 12 septembre 2008 par Bernard Girard
Le Pape en route vers le Collége des Bernardins vient de passer sous mes fenêtres. Peu de monde sur son chemin, aucun applaudissement. La France est décidément peu chrétienne alors que la foi semble dans tant d'autres pays bien vivante. Mais pourquoi? Beaucoup s'en tiennent, comme le rappelle Arthur Goldhammer dans son blog, à la thèse de Tocqueville.
Les traditionalistes penchent plutôt pour la responsabilité d'un clergé moderniste. Sous couvert de modernisation, l'Eglise se serait coupée des milieux, dont elle était le plus proche : monde rural, bourgeoisie provinciale ou parisienne qu'ont décrite les romanciers des années 30, Mauriac et plus encore, peut-être, Roger-Martin du Gard.
Je pencherai, pour ma part, pour une troisième explication. La séparation de l'Eglise de l'Etat a eu pour effet de transférer à l'Etat des missions jusqu'alors déléguées à l'Eglise: éducation, santé, aide sociale. Les rapports que les citoyens entretenaient avec l'Eglise et le clergé se sont naturellement distendus. La pression sociale qui force ailleurs des "croyants mous" à participer à la vie de l'Eglise a disparu. Et comme la société a inventé des cérémonies laïques pour ceux qui le souhaitaient (mariage, baptême laïque, cérémonie au cimetière…), l'Eglise est devenue pour beaucoup un lieu qu'on ne fréquente que lorsqu'on les visite, pendant les vacances.
La communauté des fidèles s'est d'autant plus facilement délitée que, religion dominante, le catholicisme n'a pas eu à se battre contre d'autres confessions, comme ce peut être le cas dans les pays protestants où la concurrence vive des différentes sectes favorise la "consommation" de services spirituels.