Non content de briller sur la scène internationale, de Bruxelles à Tunis en passant par Alger, quitte a parfois faire prendre des vessies pour des lanternes à ses partenaires européens, Nicolas Sarkozy se permet même de donner un sérieux coup de pouce à l’opposition en lançant, par la seule force de son volontarisme, la rénovation du parti socialiste.
Alors que rien ne semblait pouvoir forcer les éléphants de Solferino à passer la main, ni même à se remettre un minimum en cause, après deux présidentielles et deux législatives perdues d’affilée, le président de la République est en train de faire le ménage parmi les caciques socialistes avec un rapidité qui laisse pantois. Ainsi Bernard Kouchner, sans doute lassé que la gauche ne reconnaisse pas son génie et ne le supplie pas à genoux d’être son sauveur, nommé au Quai d’Orsay et Hubert Védrine, placé à la tête d’une mission sur la mondialisation, se sont "d’eux-mêmes mis hors du parti" pour reprendre les termes de François Hollande. Face à l’empressement de la direction socialiste à le fustiger, l’ancien secrétaire général de l’Elysée rappelle tout de même au passage qu’il fut un temps, pas si ancien, où le PS était moins radical : "j'ai accepté le rapport avec plaisir et je trouve ça normal. Cela serait extravagant que je sois consulté par des personnes comme Kofi Annan et pas par le président français. D’ailleurs, j'avais accepté au mois de février une mission pour Jacques Chirac sur un sommet de l'environnement et la gauche n'avait alors trouvé rien à redire". C’est à croire que la "sarkoysation des esprits" progresse y compris rue de Solferino où l’on finit par croire que puisque le nouveau président de la République incarne la rupture avec Jacques Chirac, ce dernier devait être gauche…
Autre poids lourd en rupture de ban avec ses instances par la grâce de Nicolas Sarkozy, Jack Lang qui affirme "aujourd'hui, je ne me reconnais plus à travers les méthodes de direction qui sont les tiennes. En conséquence, je te présente ma démission de secrétaire national et je suspends ma participation au travaux du bureau national". Il ne fait ainsi que devancer la fatwa du bureau national qui précise que "toute personnalité du PS qui choisira de participer à une commission quelle qu'elle soit le fera à titre personnel et sera suspendue des instances du PS auquel elle appartient". Certes Jack Lang se comporte (trop) souvent comme un papillon de nuit attiré par la lumière médiatique, mais il est tout de même un peu triste de voir que les instances socialistes sont plus promptes à le condamner pour sa participation à une commission de réflexion sur l’avenir des institutions qu’elle ne le fut concernant Georges Frêche suite à ses dérapages racistes…
Mais le coup de maître de Nicolas Sarkozy reste d’avoir fait de Dominique Strauss-Kahn le candidat de l’Union européenne à la présidence du FMI. "C'est un choix qui dépasse la France" assure ainsi Stéphane Le Foll, avant d’être laminé au bal des faux-culs par le superbe "Dominique est désigné par les gouvernements d'Europe", de Jean-Christophe Cambadélis ou le grandiose "C'est un phénomène important pour une famille politique d'avoir l'un des siens à ce poste. c'est une autre façon de faire de la politique qui a son audience" de Pierre Moscovici.
Ils ne sont pas nombreux parmi les leaders socialistes à oser rappeler avec Benoît Hamon qu’encenser d’un coté DSK tout en livrant Jack Lang à la vindicte relève de la schizophrénie puisqu’ "il ne peut pas y avoir une vérité pour les uns et une vérité pour les autres".