Potemkine avait eu, lui, une meilleure idée : pour plaire à sa tsarine, et lui faire croire que tout allait bien, il avait fait construire de faux villages, juste des façades, en fait, avec plein de paysans qui souriaient au passage de l'impératrice.
A Orléans, on est plus modeste - pas de tsar à l'horizon, enfin, pas encore - mais on a retenu la leçon : faisons du décor, à n'importe quel prix, de n'importe quelle manière, et tout ira bien.
On se souvient qu'il y a quelques mois, la volonté de la droite orléanaise de démolir 17 immeubles de la rue des Carmes pour "aligner" les façades avait fait quelques remous. La gauche a dénoncé ce projet. Les habitants se sont mobilisés, organisés.
L'Express de cette semaine aborde ce sujet, dans la dizaine de pages qu'il consacre à notre ville, sous le titre "La rue des Carmes, alignée au carré". Au Carré devrais-je écrire, car il s'agit bien de l'adjoint à l'urbanisme et à l'alignement dont parle l'article.
Le journaliste indique que les façades vouées à la démolition par la droite sont de véritables bijoux architecturaux du 16ème siècle. A cela, Olivier Carré répond tout simplement et très modestement : "Elles pourront être démontées et remontées à l'identique" !
Ben voyons ! Hop ! Un tour de passe-passe, et on change le décor du théatre, on déplace ce qui ne nous gêne, et on le pose ailleurs !
C'est ainsi que la droite voit la ville et ses habitants : on déplace ce qui gêne et ceux qui gênent !
Quand l'équipe "Orléans gagnant pour tous", avec Jean-Pierre Sueur, disait que la droite n'avait ficelé aucun projet, que tout n'était qu'improvisation, on en a encore une fois la preuve.
On savait l'ambition d'Olivier Carré, mais on ne savait pas qu'il rêvait d'un Abou Simbel sur Loire. Il remue le nez, et hop ! le sphynxounet déplace les façades !