Eh bien, bon alors – si le son euthanasiste, les vibrations sauvages d'une fin de siècle qui, au final, n'a fait que prolonger son arrêt de mort de quelques décennies, s'est trouvé quelques potes un peu perchés pour forniquer je ne serais pas le premier à me plaindre. Bien au contraire. Boredoms (ボアダムス) qui se trouve presque à l'extrême frontière de se qui est raisonnablement écoutable pour moi, aura fait son boulot en allant chercher les deux gus de Ween pour enregistrer dans le plus grand délire Z-Rock Hawaii (1994) sorte de pêle-mêle goguenard, brouillon & génial. Ne me demandez pas ce que Z-Rock Hawaii peu bien vouloir dire j'en sais foutre rien. Il paraît juste que Yamatsuka Eye était un poil déçu lui qui voulait que l'album s'appelle WeYeN. Bof... ça n'est pas très essentiel au final.
A ceux qui aiment l'hystérie vocale de Yamatsuka Eye (aka Eye, aka le chef des Lift Boys, aka le patron capricieux de Boredoms) ne seront pas déçus. Du très zornien « Chuggin' » (Yamatsuka prête d'ailleurs sa voix à John Zorn pour son terrible Nacked City qui m'a coûté quelques belles migraines) au très excité « Love Like Cement » en passant par l'asthmatique « Tuchus », tout le répertoire du noise boy d'Osaka est là. Mais... mais à ceux qui ne supporteraient pas ce collier de cris désespérés, grâce leur soit rendue, Ween était là pendant l'enregistrement. Ça donne quelques trésors de bizarrerie comme ce « In The Garden » d'outre-tombe, le western apocalyptique (« God In My Bed »), la curiosité sushi (« The Medow ») & « I Get A Little Taste of You » qui arrive comme un cheveux sur la soupe à la façon d'une contine géniale de Syd Barret, genre « Effervescing Elephant », à laquelle elle ressemble beaucoup si ce n'est un son gravement estampillé 90'... mais peu importe, c'est bonnard & franchement on rigole souvent aux interventions absurdes d'un Yamatsuka Eye barré en plein sur quelques mélodies taillées dans la soie. L'intérêt de cet album post-moderne est justement là, qui allie sans difficulté boucles planantes & hypnotiques à une armée de grognements un peu débiles mais tout autant jubilatoires. Alors donc on passe du ravissement naïf à l'hécatombe sonore sans y comprendre quoique ce soit. Reste qu'il apparaît que très peu de groupes sont aujourd'hui assez intelligents & curieux pour prendre ce genre de risque. D'ailleurs, pour ce qui voudraient se procurer l'album en toute légalité: bon courage. Il est a plus de 300 euros (!!!) sur Amazon. La rareté appelle souvent la préciosité & avec un peu de chance, au détours d'un vide grenier, un étal tenu par un type qui pensait avoir acheter un album de yukulélé... sait on jamais - c'est comme ça qu'on fait des affaire.
Boredoms & Ween - In The Garden
Boredoms & Ween - I Get a Little Taste of You
Boredoms & Ween - The Meadow