[deux poèmes en écho]
Ma vie
Tu t’en vas sans moi, ma vie.
Tu roules,
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t’ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
À cause de ce manque, j’aspire à tout.
À tant de choses, à presque l’infini...
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu n’apportes.
Henri Michaux, La nuit remue, nouvelle édition revue et corrigée, Gallimard, 1967, p. 88 ; Œuvres complètes, tome I, édition établie par Raymond Bellour avec Ysé Tran, Pléiade, Gallimard, 1998, p. 462.
à h.m.†
dans la
nuit, la nuit (qui) remue
les souvenirs les brasse en rêves-réveils
les
meubles bâillent
déjà
ils veillent
massifs, profonds miroirs, avec leurs bras
attendant
le gisant
cerné de portraits dans l’ombre qui fixent
ses
pieds cirés
qui crient au silence et au meurtre
dans les cloisons dégringolent les rats
Un Espoir au passé une morne Consolation
deux
bougies vacillent
au-dessus des tapis sanctifiant les pas
perdu
le temps du cœur
qu’il
repose en chose
les chaises vaquent le livre a oublié
Celui qu’il fallait lire en maître zen
Jude Stéfan, À la Vieille Parque, précédé de Libères, Poésie/Gallimard, 1993, p. 130.
Idée et contribution de Tristan Hordé
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