Décidément, la rentrée est très chaude au Maroc. En voilà un incident qui va ridiculiser un peu plus la justice marocaine. 24 heures après le procès express et grotesque du blogueur Mohamed Erraji, le makhzen s'illustre à nouveau.
Résumons d'abord les faits relatés par plusieurs organes de presse (Le Soir Echos, Al Bayane): mardi 9 septembre vers 18h30, sur la corniche de Casablanca, Hassan Yacoubi, mari de la princesse Lalla Aicha, soeur de Hassan II et tante du roi Mohamed VI, roulant sur un luxueux 4x4 grille un stop et s'est fait arrêter par un policier. Avec arrogance, il aurait insulté le policier en le traitant de mouche et d'insecte (Dabbane et Bakhouch). Tarik Mouhib, l'agent d'autorité, insiste et l'automobiliste dégaine alors une arme à feu et tire une balle à fragmentation sur le pauvre agent. Quelques minutes plus tard, l'appareil policier casablancais, alerté, arrive sur place. Aucune réprimande n'est adressée au tireur. Il serait même escorté jusqu'à son domicile. Vers 21h30, le mari de la princesse est admis dans un hôpital psychiatrique à Salé.
Pour communiquer l'affaire, l'appareil médiatique ne sera pas laissé en reste. La MAP, l'agence officielle de presse, produit une dépêche comme pour justifier l'acte répréhensible. Décrivant M. Yacoubi comme étant "dans un état de démence avancé", la Map ajoute cette phrase digne des meilleurs avocats dans les séries américains: l'homme était dans un état de démence avancé, Hassan Yacoubi (HY) a fait usage d'une arme à feu, blessant légèrement à la jambe, le policier. HY souffre depuis plusieurs années de la maladie de Korsakoff, qui entraîne une dégénérescence mentale grave. Il a suivi divers traitements psychiatriques pendant cinq ans dans des établissements spécialisés, au Maroc et en Italie.
Au cas où ce prince est réellement malade, pourquoi l'autorise-t-on à porter une arme à feu depuis 1995? Comment peut-on accepter qu'un citoyen marocain, blogueur de son état, qui a exprimé un avis somme toute banal soit condamné à 2 ans de prison ferme et que 24 heures plus tard, un autre citoyen marocain, prince de son état, soit relaxé après avoir tiré sur un agent de la circulation? Si le Royaume du Maroc essaie d'ériger un réel état de droit où tous les citoyens sont égaux, eh bien c'est évident que le Royaume s'est trompé de chemin pour y arriver. &