Quand l'Europe nous empoisonne...

Publié le 11 septembre 2008 par Greg Catel
Alors que la France, par son ministre de l'agriculture Michel Barnier, lançait hier son plan pour réduire, "si possible", l'usage des pesticides, la commission européenne adoptait des limites maximales de résidus plus hautes qu'auparavant !

> Pour rappel, la France est la plus grande utilisatrice de pesticides en Europe (et troisième au niveau mondial), et ce plan se fonde sur une partie des conclusions du Grenelle environnement. Il prévoit une réduction de 50% d'ici 10 ans.

Selon l'AFP, ce plan a été mal accueilli par les fabricants. L'objectif de 50% "est irréaliste, sauf si on considère que la France n'est plus un pays agricole et que nous serons obligés d'importer des produits agricoles de base", a commenté Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP). Il a fait valoir que les agriculteurs avaient déjà réduit de 40% l'usage des pesticides entre 1999 et 2006.

Ce monsieur ne précise pas que si les volumes ont baissé, les pesticides utilisés aujourd'hui sont plus puissants... donc, plus nocifs.

La FNSEA, elle, a insisté sur l'importance du "si possible" associé à l'échéance de dix ans pour diminuer l'usage des pesticides. A l'époque du Grenelle, "notre accord était conditionné à ce "si possible", a rappelé Pascal Ferey, vice-président du syndicat agricole. "Il est hors de question d'accepter que le ministère prenne le risque d'handicaper économiquement (...) les filières végétales françaises".

Par contre, il est hors de question pour la FNSEA de prendre en compte la santé des consommateurs...


> Une grande rasade de pesticides pour l'Europe !

Le but annoncé de la commission européenne sur ce sujet, était d'harmoniser les normes sur les résidus d'herbicides, fongicides... Sauf que plutôt que d'harmoniser au plus bas, la commission a visé au plus haut !

Le Canard Enchainé nous donne quelques exemples : On pourra trouver sur les agrumes, des taux 40 fois supérieurs de Fénoxycarbe (qui stoppe le développement des larves d'insectes). La tomate aura droit à 10 fois plus de son herbicide favori (le Cléthodime).

Certains esprits mal intentionnés voient au regard de ce retournement de situation, l'ombre des fabricants de pesticides... Bref, on assisterait à un OGM bis ?

Selon certaines ONG environnementales, c'est la sécurité alimentaire des Européens qui est mise en danger avec les LMR (Limites maximales de résidus) communautaires. Trois d'entre elles (Greenpeace, PAN Europe et Global 2000) ont d'ailleurs lancé, en août 2008, une action devant la Cour de Justice des Communautés européennes contre le règlement de la Commission. Ainsi, Greenpeace Allemagne considère que 700 LMR sont trop élevées et "mettent en danger la santé des citoyens européens, des enfants en particulier." L'ONG dénonce de manière générale les LMR européennes, plus hautes que les LMR allemandes.

L'ONG Pesticide Action Network Europe considère pour sa part que les LMR européennes sont illégales du fait du non-respect par la Commission des LMR les plus basses en vigueur dans les Etats membres. Une directive de 2005 engageait en effet la Commission à fixer les LMR de pesticides au plus bas niveau possible.

Tout cela n'est pas très rassurant quant au devenir des bonnes intentions d'une "Europe verte". Ce genre de décision n'incite pas non plus à voter, en mars prochain, pour le renforcement d'une Union européenne qui préfère céder face aux lobbies que de se préoccuper de la santé des européens.

Comme conclut le Canard... On imagine mal comment le plan français de réduction des pesticides pourra tenir.

Moins de pesticides dans nos assiettes ? On nous aurait raconté des salades ?

Source : le Canard enchainé / La Tribune - Merci à Christine pour l'alerte ;o)

GC.