Et il l'a clairement expliqué hier à la commission d'enquête parlementaire. Dans l'affaire Crédit-Lyonnais Addidas, il est la victime et la banque est le braqueur. D'un autre côté, mon amour immodéré pour les instituts financiers m'interdit de trop plaider leur cause. Ils ont certainement essayé de faire un maximum d'argent. Mais c'est aussi un peu leur métier, non ? Et quand ils inventent des tas de frais supplémentaires pour nous ponctionner toujours un peu plus de l'argent qu'on leur confie par obligation. Qui plus est, ils ont tendance à trouver tout ça naturel et le client-pigeon doit se faire plumer avec le sourire. C'est pourquoi mon conseiller fut très surpris lors de ma dernière visite quand il me tendit la main pour me saluer, je lui demandais : " C'est gratuit ?". Devant son incompréhension, j'ajoutais : " parce que chez vous tout devient payant...".
Néanmoins, Bernard Tapie est tout sauf un enfant de choeur et quand il a essuyé une larme en évoquant les difficultés traversées, on ne peut s'empêcher de se rappeler qu'il fait également une très belle carrière de comédien. Tout ceci pourrait s'avérer drôle : Tapie plumant le Crédit Lyonnais ! Sauf que le Crédit Lyonnais est devenu LCL et que ses dettes ont été transférées au CDR, un organisme financé par l'état. Autrement dit, les 400 millions d'euros qu'on lui octroie, c'est tout le monde qui paie et non la banque, y compris les 45 millions pour préjudice moral. Il fallait bien ça, sinon, il risquait de ne rien lui rester avec toutes ses dettes à Nanard.
Bien sûr, certains ont évoqué ses (très bonnes) relations avec Nicolas Sarkozy et l'on sait que le président de la république ne laisse pas tomber ses amis dans l'embarras. Christian Clavier et Dominique Rossi peuvent en témoigner. Sur ce sujet, Tapie a joué les vierges effarouchées. Il n'est pas ami avec Sarko, ce sont des rumeurs qu'il dément catégoriquement. Souvenons-nous tout de même qu'il a toujours nié avoir acheté le match OM-VA même quand les preuves irréfutables s'amoncelaient sur le bureau des juges.
Tapie n'est donc pas l'ami de Sarko et il n'a pas dit qu'il ramènerait les radicaux de gauche dans une union avec les radicaux valoisiens (de droite). Union qui soutiendrait le gouvernement du petit Nicolas, naturellement.
En tout cas, Tapie a un alibi sûr : pour le mariage de Jean Sarkozy, il n'y était pas, il était à la commission d'enquête parlementaire pour répondre à ses questions !
Je me demandais, si Tapie obtient 45 millions de préjudice moral, combien aurait-on dû donner à Patrick Dils pour 17 années passées en prison injustement ? Et combien aux accusés d'Outreau ? Bien sûr, ils n'étaient pas les amis du président...
Dominik