L'association Terre Sacrée vient de constituer un dossier reprenant les dates d'épuisement des différentes ressources énergétiques et métallifères parues dans le magazine hors série nº243 Science et Vie. L'objectif de l'association est d'envoyer ce dossier à tous les organes de presse afin de conscientiser l'humanité sur la disparition de ces ressources.
J'ai survolé le "dossier brûlant" sur le site de l'association. Agrémenté par quelques liens Wikipédia, ce dossier me paraît alarmiste et surtout non fondé. Même si cette campagne est présentée comme capitale, j'ai du mal à croire que Terre Sacrée, Science et Vie et Wikipédia convaincront les médias de tenter de déclencher une prise de conscience mondiale (encore faudrait-il qu'ils en aient le pouvoir, j'en doute).
Toujours est-il que Terre Sacrée a besoin d'argent pour son projet et implore, une fois de plus, les abonnés à sa lettre d'information. Je m'interroge à nouveau sur la fiabilité de cet appel à la solidarité. Je ne pense pas me tromper en affirmant que cette association n'a mené aucune campagne à terme jusqu'à présent, ses idées n'ont jamais dépassé le stade de l'appel aux dons. Cette fois-ci, le calcul est vite fait : 55.000 "petits euros" permettront de faire face à cette dépense "capitale"... Mais je vous laisse apprécier le message envoyé aux abonnés :
De: "Terre sacree"
Note interne importante concernant le bouclage du terrible echeancier
A: Aurélie (que je remercie pour m'avoir adressé ce message)
7 septembre 2008
Bonjour les ami(e)s,
Le dossier brûlant concernant la disparition des ressources énergétiques et métalliques est maintenant bouclé. Il vient d'être mis en ligne à l'adresse http://terresacree.org/ressources.htm . Seize combustibles et métaux y sont étudiés d'une façon détaillée avec des liens pour en savoir plus. Il sera traduit en anglais, vu qu'il n'y a pratiquement rien sur internet sur le sujet.
Nous envisageons aussi de l'éditer sous forme d'une brochure en papier reçyclé qui sera envoyée à tous les organes de presse, dans un premier temps francophones. Mais il va falloir trouver des sources de financement, vu que les ressources de l'Association sont au plus bas niveau. C'est ainsi que nous faisons appel à votre solidarité. Si chacun des 11 103 abonnés (gratuit) à cette liste nous envoyait même simplement 5 petits euros, nous pourrions faire face à cette nouvelle dépense que nous jugeons capitale. Le mieux est bien sûr que vous adhériez (si ce n'est déjà fait)ou renouveliez votre adhésion. ( http://terresacree.org/adhesion.htm ) Vraiment ce serait sympa de faire quelque chose. Merci d'avance du fond du coeur.
Ce terrible échéancier nous amène à nous interroger sur le fonctionnement inconscient de notre civilisation qui s'apprête à livrer aux générations futures une Terre vidée de ses richesses et de sa substance.
Nous espérons que ce nouveau cri d'alarme sera vite entendu et que l'humanité saura évoluer en douceur pour éviter le crash contre le mur qui se trouve bel et bien en face, à quelques années prés.
Merci de nous donner votre avis sur ce dossier explosif (cela nous aidera à le faire évoluer et éventuellement à y apporter des modifications ou des liens majeurs).
Bonne semaine.
Toutes mes meilleurs pensées.
Michel
Terre Sacrée annonce la fin de l'uranium pour 2040 en précisant que cette date est contestée par des études, et que certains estiment même que les réserves d’uranium pourront répondre à la demande mondiale pendant un siècle ("certains" étant dans ce cas l'Agence pour l'Energie Nucléaire). Pendant ce temps, la Société Française d'Energie Nucléaire nous informe que les réserves d'uranium pourraient couvrir la demande à l'échelle de plusieurs millénaires avec les réacteurs à neutrons rapides. Mais voici comment est interprétée la fin de l'uranium par les spécialistes :
« Les réserves mondiales identifiées, du moins celles estimées récupérables à un coût inférieur à 130$ par kg d’uranium, étaient en 2006 de 3,3millions de tonnes, auxquelles s’ajoute 1,4 million de tonnes de ressources présumées. Compte tenu d’une consommation actuelle de 64000 tonnes par an, elles correspondraient ainsi à plus de 70 années de fonctionnement dans les réacteurs actuels. Mais selon l’AEN, 10 millions de tonnes d’uranium resteraient à découvrir, et 22 millions pourraient provenir de l’exploitation de gisements de phosphate. Les quantités atteindraient ainsi 37 millions de tonnes! Et ce, sans compter sur la perspective technologique des réacteurs à neutrons rapides qui doivent optimiser ces ressources, permettant de jouer sur des durées millénaires… »
« UNE APPROCHE INDUSTRIELLE : La donnée essentielle pour aborder la question des ressources en uranium est celle de son coût d’extraction : «On parle souvent à tort de réserves en valeur absolue alors que la problématique de la disponibilité de l’uranium s’appréhende dans une approche industrielle, en comparant les coûts d’extraction et de prospection à une valeur de marché», insiste Jean-Paul Langlois, directeur de l’I-Tésé. La disponibilité de l’uranium dépend du prix que l’industriel est prêt à payer pour extraire le minerai et des dépenses de prospection qu’il peut engager. » source : CEA (Commissariat à l'Energie Atomique)
« Il est par ailleurs difficile d'évaluer les ressources ultimes en uranium , la prospection ne faisant pas aujourd'hui l'objet d'un effort important en raison des stocks disponibles. L'addition de toutes les ressources minières répertoriées aujourd'hui dépasse un total de 17 millions de tonnes soit environ 300 ans de consommation actuelle à des conditions d'accès toutefois très différentes. Enfin, l'exploitation des ressources non conventionnelles (phosphates, eau de mer) permettrait de multiplier les réserves sus mentionnées par 100.
Source : OCDE – AEN : Agence pour l'Energie Nucléaire de l'OCDE. » DGEMP
« Ainsi, en raison de l'état des réserves mondiales d'uranium et des perspectives offertes par le passage à la G IV, votre mission d'information se déclare convaincue par l'absence de tensions de long terme de nature à fragiliser la disponibilité du combustible nucléaire, y compris dans le cas de figure où le parc mondial de réacteurs observerait une croissance importante dans les prochaines années. » source Senat.fr
Terre Sacrée annonce la fin de l'or pour 2025 alors que la compagnie Barrick Gold prévoit d'exploiter, dès 2010, une région des Andes et cela durant une vingtaine d'année. Cette compagnie a également annoncé en mars dernier avoir découvert un nouveau gisement d'or en Tanzanie et a affirmé la présence d'importantes quantité d'or dans les sols à proximité d'autres gisements. L'industrie minière est loin d'avoir exploité tous les recoins de notre planète.
Les ressources de la Terre ne sont pas inépuisables, nous le savons tous, et les spécialistes n'ont pas attendu la reprise par Terre Sacrée de l'article de Science et Vie pour s'intéresser au problème. Des solutions sont étudiées même si celles-ci hérissent nos poils d'écologistes. Le Conseil Mondial de l'Energie prévoit même de réduire de moitié, d'ici 2035, le nombre de personnes n'ayant pas accès aux services énergétiques modernes.
Je trouve l'action de Terre Sacrée stupide et dangereuse. Stupide parce qu'il est impossible de croire qu'un hors série Science et Vie peut révolutionner le monde, d'autant plus lorsqu'aucune source officielle n'accompagne ces échéances, et dangereuse parce que diffuser de telles informations, c'est ôter encore un peu plus de crédibilité au monde associatif et ses campagnes aussi diverses et variées, qu'opposées et parfois inutiles. Nous sommes constamment sollicités par les associations alors soyons vigilants et sachons reconnaître les combats qui méritent d'être soutenus. 5 euros pour organiser une manifestation anti-nucléaire, je ne dis pas, mais pour recopier un magazine, je dis non !
En attendant, nous pouvons compter sur les industriels pour remédier aux pénuries avant même que les consommateurs ne s'en inquiètent. Mais je reste convaincu que notre meilleure participation pour un monde meilleur n'est pas de donner 5 euros à Terre Sacrée mais de diminuer au maximum notre consommation et d'encourager notre entourage à faire de même.
Commission Européenne-Energie : perspectives mondiales à l'horizon 2030
World Energy Council : scenarios 2008.pdf
DGEMP, énergies et matières premières
Statistical Review of World Energy 2008