Les volumes ne devraient d'ailleurs pas être considérés comme un indicateur à part entière, ou en tout cas ne pas être placés sur le même plan, puisqu'il s'agit de simples données brutes, non retravaillées par une quelconque formule mathématique, aussi simple soit-elle.
Quoiqu'il en soit, nous allons essayer aujourd'hui de voir en quoi les volumes sont délicats à utiliser, contrairement à certaines idées reçues. Qui n'a pas vu qu'une séance sans volumes avait bien moins de poids ou de conséquences qu'une séance avec de gros volumes ? Et pourtant, les choses ne sont pas aussi simples.
Commençons par l'origine des volumes. Qui dit volume dit échange de titres, c'est à dire transmission de titres d'un vendeur à un acheteur. Si nous avons un volume de 1000, cela signifie que 1000 titres ont été achetés, mais également que 1000 titres ont été vendus.
Et c'est bien là la première difficulté : dans tout échange, il y a un investisseur qui anticipe une baisse du sous-jacent (le vendeur), et l'autre une hausse (l'acheteur). L'un aura raison, l'autre tort... et nous retrouverons toujours cet équilibre, que les volumes soient faibles ou importants.
Vu comme cela, une journée avec forts volumes est simplement le signe que plus d'investisseurs ont changé leurs anticipations, mais il y a en autant qui les ont revues à la hausse qu'à la baisse...
Pris seuls, les volumes sont donc difficilement utilisables. Qu'en est-il si on les rapproche des écarts de cours sur la journée correspondante ? Eh bien ce n'est pas si simple non plus.
Si nous prenons l'exemple d'une hausse du marché, signe que les acheteurs ont du proposer un prix plus élevé pour trouver une contrepartie, essayons d'analyser la différence psychologique entre une hausse sans et avec volumes.
D'un côté (faibles volumes), les investisseurs sont resté attentistes : c'est le signe que les vendeurs anticipent une poursuite de la hausse, tandis que les acheteurs se font plus prudents ou dubitatifs, considérant peut-être que le marché commence à devenir cher. Tant que la hausse se poursuit, c'est a priori le signe que rien ne change réellement. Quelques acheteurs finalement se décident à entrer sur le marché, peut-être rassurés, tandis que les vendeurs ne se précipitent pas plus que cela, attendant toujours une poursuite du mouvement. Ce n'est qu'au moment où l'on notera une inflexion du marché qu'il faudra être attentif. Mais là encore, s'il y a des volumes, cela signifiera que les vendeurs se font plus nombreux, mais aussi que les acheteurs montrent le bout de leur nez.
Il faudra alors regarder la variation correspondante : si ces volumes sont accompagnés d'un repli relativement important, cela signifiera que les vendeurs mettent la pression sur le marché, et que tous ceux qui attendaient sagement durant la hausse sortent du bois. Et les acheteurs qui sont en face, un peu rassurés par des prix moins élevés, ont du mal à contenir la vague des acheteurs.
Si au contraire les volumes sont accompagnés d'un maintien du marché, c'est le signe que les acheteurs sont assez puissants pour absorber les vendeurs qui attendaient tranquillement, et se décident à prendre leurs bénéfices. C'est plutôt un signe de force, mais qui ne prendra sens que si la hausse redémarre. On voit alors rapidement que l'impact des volumes ne dépend pas seulement du sens de variation du marché, mais de ce qu'il a fait au préalable. Nous y reviendrons.
Voyons maintenant le cas d'une hausse avec volumes : de nombreux vendeurs se sont débarrassés de leurs titres, ayant peut-être déjà bien gagné ou ayant pris peur avec la baisse précédente, tandis que les acheteurs reprennent confiance et parviennent à l'emporter sur les vendeurs. Une nouvelle tendance pourrait être en train de naître, mais encore faut-il qu'il reste des acheteurs sur le marché pour permettre la poursuite de la hausse... Il n'est donc pas évident que cette hausse ait plus de poids que la hausse sans volumes.
Si on raisonne sur une tendance baissière, les comportements sont un peu différents, car les investisseurs haussiers sont souvent plus attentistes que les baissiers, ce qui fait que des séances de repli avec de forts volumes sont souvent fortement baissières. Il est en effet bien plus facile d'attendre pour acheter que pour vendre, lorsque l'on a des titres en portefeuille et que l'on voit son capital fondre. Mais que conclure d'une baisse sans volumes ?
On pourrait continuer comme cela longtemps. On voit en tout cas qu'analyser les volumes en fonction de la variation correspondante du marché permet d'affiner un peu l'analyse, mais cela ne suffit pas. Il faut donc les considérer en fonction des variations passées du marché, mais également en tenant compte de la présence de supports et résistances.
Avant cela, on tirera toutefois ici une première conclusion : si une augmentation des volumes correspond à un intérêt croissant des investisseurs pour les niveaux traités, il peut s'agir aussi bien d'un changement tendance que d'un nouveau souffle dans la tendance en cours. Par contre, lorsque les volumes sont faibles, il semble plus naturel de privilégier la poursuite de la tendance.
Mais plutôt que de continuer sur la simple théorie (je sens que vous commencez à décrocher :-) ), voyons donc cela au travers d'un petit exemple : le CAC40 ces dernières semaines. L'exemple n'est pas parfait, car les volumes sont naturellement plus réduits au mois d'août, mais cela nous permettra quand même d'illustrer mes propos, et d'en tirer quelques autres conclusions.
C'est ce que nous verrons dans la partie 2 dès demain matin avec un exemple sur le CAC 40 dans " Les volumes : un indicateur à double tranchant (cas pratique)"