Passage à tabac
"Les gens du Balto" de Faiza Guene, Hachette Littérature, 15,68€
«Si vous voulez entendre des histoires hors du commun, faut pas vivre ici." Ici c'est Joigny-les-deux-Bouts, terminus du RER. Un matin, la découverte du cadavre de Joël, gérant du bar Le Balto, un brin raciste, provoque la suspicion parmi les habitués du lieu. Mais tout le monde a une raison de le détester.En répondant à l'interrogatoire de la police, chacun se confie à tour de rôle et de chapitre, sur un quotidien fait de désillusions : crises d'adolescence, problèmes de couple, rivalités, chômage, handicap... «A côté, l'Irak, c'est Disneyland», lance même Magalie, la "blonde", sujet de toutes les convoitises. Quatre ans après "Kiffe kiffe demain", Faiza Guene décrypte parfaitement le langage moderne à coups d'anglicisme, verlan ou langage "msn". Et surtout adopte une vraie forme romanesque avec ce livre choral. Car le meurtre est prétexte à dresser une galerie de portraits de "petites".
(CC)
DVD
Même pas peur
Dans "Peurs du noir", il y a d’abord un parti pris esthétique : le noir et le blanc. Il y a ensuite six court-métrages d'animation pour un casting d’auteurs prestigieux : les Français Blutch, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, de l’Italien Lorenzo Mattotti, des Américains Charles Burns et Richard McGuire. Et comme si cela ne suffisait pas, des voix d’acteurs comme celle de Nicole Garcia, et puis celles d’Aure Atika, Arthur H, Guillaume Depardieu. Des croquis rappelant les comics aux traits du manga, la qualité graphique de l'ensemble est riche et diverse mais marqué par un manque de cohérence flagrant, preuve de la difficulté du passage d'un support papier à un cinématographique. Conséquence, une fois le coup de crayon admiré, on s'ennuie ferme face à un maître de chiens sadiques ou une petite fille hantée par des fantômes. Quitte à voir de la bande dessinée noir et blanc au cinéma, on se tournera vers «Persepolis», bien moins pompeux.
(CC)
"Peurs du noir", Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre Di Sciullo, Stock, 19,99€ (prix vert).
BD
Dans le grand bain
"Le goût du chlore", ça pique un peu les yeux, de prime abord. Contraint et forcé par son kiné et une scoliose, un jeune homme se rend à la piscine. Chaque mercredi, il s’élance dans l’eau. Le monde du silence est alors à sa portée, seuls les quelques battements des autres nageurs le distraient... jusqu’au jour où une jeune nageuse, bien plus douée que lui, capte son attention. Plusieurs semaines passent avant qu'il n'ose lui adresser la parole. Elle lui donne alors quelques conseils de natation et se dévoile à lui lentement mais sûrement. Lorsque la naïade ne vient pas, il touche "le fond de la piscine". La piscine est ici le théâtre d’une jolie rencontre, sans blabla. Visuellement les tons de bleu et vert dominent bien sûr mais les décors au second plan sont à peine esquissés. Le récit initiatique du jeune garçon sur le point de devenir un homme est sensible, pudique, mais finit en queue de poisson.
(CC)
"Le goût du chlore", Bastien Vivès, Casterman, collection Kstr, 13€ (prix vert)