J’en avais déjà parlé au lendemain de l’embuscade, notant notamment que cette guerre se gagnerait d’abord dans les zones tribales du Pakistan.
J’en reparle tant les réactions aux photos de Paris-Match m’énervent.
Elles m’énervent parce que les réactions outragées de l’UMP et du gouvernement montrent que le voile pudique des conséquences de l’alignement de notre Président sur Bush s’efface enfin et que la guerre apparaît pour ce qu’elle est: des morts, quelquefois dans des conditions assez horribles, de la sauvagerie, les pleurs de familles. Et contrairement à ce qu’on nous présente comme une “opération de paix”, c’est une guerre qui se déroule en Afghanistan, une vraie, une dure, une sauvage, dans un pays qui considère ses “sauveurs” comme des envahisseurs.
L’Afghanistan n’existe plus depuis l’invasion soviétique et le gouvernement mis en place par les USA ne gouverne, entre deux attentats, qu’à Kaboul. L’assassinat de Massoud a eu l’efficacité espérée par les Talibans et le fantoche installé par la CIA ne gouverne rien, tout au plus a-t-il la paix dans le Nord-Est, fief de feu le Commandant Massoud. Dans ces conditions les “alliés” sont nus et, en ce qui concerne les français, dramatiquement sous-équipés. Que voulez-vous, on ne peut à la fois faire le “bouclier fiscal” et avoir une armée digne de ce nom. Il n’y aura pas de démocratie approximative afghane avant quelques trente à cinquante ans dans le meilleur des cas et, sans l’appui politique d’un gouvernement à peu près populaire, il n’existe pas de solution militaire.
Attendons-nous donc à de nouveaux morts, quelquefois dans des conditions horribles et ne jouons pas les coquettes outragées à chaque nouvelle embuscade. Soit les alliés restent en Afghanistan mais changent la donne politique, dans le cadre d’objectifs limités (l’éradication d’Al Quaida) et d’une implication réelle du Pakistan dans cette guerre, soit il vaut mieux rentrer chez nous au plus tôt.
Et je remercie Paris-Match (qui n’est pourtant pas, loin de là, mon magazine favori) d’avoir fait son boulot d’informer de la réalité de cette guerre sale. Et puis la liberté de la presse ne se marchande pas!
Autre sujet, revenons à EDVIGE. Notre Président ne manque pas d’air, on le savait déjà. Mais, désavouer ses Ministres après les avoir envoyé au charbon pour défendre bec et ongles ce projet liberticide (alors que ce projet a été lancé lors de ses 5 années au Ministère de l’Intérieur) en demandant une concertation qui sera “suivie de décisions pour protéger les libertés” met à jour, pour ses partisans un “pragmatisme” à toutes épreuves et, pour tous les autres, un cynisme sidéral. En tous cas, la mobilisation a payé et, une fois de plus, les institutionnels de gauche ont pris le train en marche.